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Annie Laurent

2016-01-08

La conférencière,  Annie Laurent

Annie Laurent est née à Saint-Rémy de Provence. Elle est titulaire d’une maîtrise en droit international et d’un doctorat d’Etat en sciences politiques pour une thèse sur le thème : « Le Liban et son voisinage » soutenue à l’Université Paris 2 en 1986. Cette thèse a été condensée en un ouvrage paru en 1987 sous le titre :  Guerres secrètes au Liban (éditions Gallimard). Ce livre a été traduit en arabe par un éditeur libanais.
Après un séjour de cinq années au Liban (1987-1992), où elle éditait un périodique, Libanoscopie, Annie Laurent est revenue en France. Depuis lors, elle collabore à diverses revues, profanes ou catholiques, et participe à des émissions de radio, et donne une chronique hebdomadaire sur les chrétiens du Proche-Orient à Radio-Espérance. Enfin elle anime des sessions (institut Philanthropos à Fribourg, Ecole d’évangélisation Jeunesse-Lumière dans le Tarn, Fidesco à Paray-le-Monial, Communauté Saint-Martin, Famille Marie-Jeunesse au Québec), dispense des cours à l’Institut Catholique d’Etudes Supérieures (ICES, La Roche sur Yon, cours sur la géopolitique de l’islam pour les étudiants en master 2 de sciences politiques), organise des colloques et donne des conférences sur l’Islam, le Proche-Orient, le Liban, les chrétiens d’Orient, les révoltes arabes, le dialogue interreligieux, etc. Elle est à l’origine de l’association Clarifier dont le but est de donner des éclairages pédagogiques sur l’islam dans ses divers aspects.
Ses études et ses activités lui ont permis d’intervenir dans plusieurs pays du Proche-Orient, région qu’elle fréquente depuis trente-conq ans.
Elle a publié plusieurs autres livres, parmi lesquels : Vivre avec l’Islam (éd. Saint-Paul, 1996), Pour l’amour de l’Eglise (entretiens avec l’abbé Christian Laffargue, paru chez Fayard en 1999), L’Europe malade de la Turquie (FX de Guibert 2005), Les chrétiens d’Orient vont-ils disparaître (Salvator, 2008), L’Islam peut-il rendre l’homme heureux ? (Artège, 2012).
Elle a participé en qualité d’expert, nommée par le pape Benoît XVI, au synode spécial des évêques pour le Moyen-Orient, qui s’est déroulé à Rome en octobre 2010.
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Le serviteur de Dieu, Jérôme Lejeune

2015-01-12

Né en 1926 à Montrouge, Jérôme Lejeune va rapidement souhaiter devenir médecin.

En 1951 il rentre dans le service du Professeur Turpin, pour s’occuper de ceux que l’on nomme alors les mongoliens. Dès cet instant bouleversé par ses patients « privés de la plénitude de vie qu’on appelle liberté de l’esprit », Jérôme Lejeune leur voue son existence et met tout son cœur et son intelligence à la recherche d’un traitement.

En 1958 en examinant le caryotype d'un jeune garçon il découvre l’origine du mongolisme : un chromosome supplémentaire sur la vingt-et-unième paire.

Il faudra attendre la première publication à l’Académie des Sciences le 26 janvier 1959, et présentant 3 cas d’enfants mongoliens pour que peu à peu la communauté internationale prenne la mesure de cette découverte.

Si cette découverte capitale fait de lui le ‘père de la génétique moderne’ elle va surtout faire naître en lui un sentiment d’urgence qui ne le quittera plus jusqu’à sa mort.

Dans sa consultation à l’Hôpital Necker Enfants Malades, le regard qu’il porte sur chacun de ses 9 000 malades venus du monde entier frappe tous ceux qui le croisent.

Au chercheur, au médecin et au défenseur de la Vie, s’ajoute un chrétien nourri à une Foi « exigeante et brûlante » vécue au quotidien. Il témoigne de l’Evangile avec sa science, faisant ainsi preuve de l’adéquation totale entre la science et la Foi. Déjà membre de l’Académie pontificale des sciences, le Saint Père le nomme premier président de l’Académie Pontificale pour la Vie.

Son procès de béatification et de canonisation s’est ouvert le 28 juin 2007.

Aude Dugast

2015-01-12

Aude Dugast est Postulatrice de la Cause de canonisation de Jérôme Lejeune, à Rome depuis septembre 2012. Elle était vice-postulatrice de la Cause lors de sa phase diocésaine, ouverte à Paris en 2007.

Elle était auparavant directrice du service de communication et de bioéthique de la Fondation Jérôme Lejeune et rédacteur en chef du 1er site francophone de bioéthique, Gènéthique. Elle s’intéresse depuis lors au Nouveau Féminisme, susceptible de donner un nouvel élan à la culture de vie, selon la demande de Jean-Paul II dans Evangelium Vitae.

Aude Dugast est philosophe de formation et diplômée du Studium de l’Université pontificale Urbaniana à Rome, formation de droit canon, théologie et histoire de l’Eglise, dispensée par la Congrégation des Causes des Saints pour les Postulateurs.

Elle nous parlera de la Cause de canonisation de Jérôme Lejeune, en développant les raisons de ce procès (l’héroïcité de sa vie chrétienne) et ses aspects formels (comment se réalise une enquête de canonisation).

Tome 2 des Mémoires de Jean Daujat

2014-04-07

A la fin du premier tome, nous avions laissé le jeune Jean Daujat blessé et révolté par la rupture de ses fiançailles avec MadeleineAu début de ce deuxième tome, nous le retrouvons quelques mois plus tard sur le point de se fiancer avec une jeune peintre danoise, Sonia Hansen.

Avec son sens de l’anecdote et du détail pris sur le vif, Jean Daujat fait revivre sa vie sous tous ses aspects.

Sa vie conjugale : leurs caractères et leurs habitudes très différents se heurtent et  leur désir d’enfant fut toujours déçu : « Ce fut pour Sonia un véritable désespoir qui provoqua des moments, heureusement de courte durée, de délire et de perte de la raison avec un regard hagard. Ce qui fut plus grave pour l’avenir est qu’alors que jusque là, même au moment de nos pires conflits, elle n’avait jamais cessé de m’aimer ce drame du printemps 1939 provoqua une véritable explosion de haine contre moi rendu responsable des fausses couches »

Sa vie professionnelle : n’ayant pas réussi le concours de l’agrégation et n’ayant pas obtenu après sa thèse un poste dans l’enseignement supérieur, il gagnera sa vie en enchaînant ce qu’on appellerait aujourd’hui des « petits boulots » et des emplois précaires, journalisme, subvention du CNRS, heures d’enseignement dans des écoles privées, cours particuliers complétés par des aides financières familiales et amicales.

Sa vie militaire : service militaire, puis sa vie comme officier d’artillerie au gré des cantonnements où il essaie tant bien que mal de préserver sa messe quotidienne et son confort de couchage et de nourriture : « Le seul inconvénient – mais très gros inconvénient pour moi – était que contrairement à mon groupe de Bitche nous étions, en région parisienne, équipés pour le tir de nuit, ce qui veut dire qu’on était de garde une nuit sur trois : Vial, ne me connaissant pas assez pour me laisser de garde seul, me mit de garde avec lui la même nuit que lui... La première fois je me déshabillai pour me mettre au lit mais quand je fus réveillé par le téléphone m’appelant à mon poste je mis trop de temps à me rhabiller – on sait qu’avec ma maladresse manuelle je suis trop lent pour tous mes gestes – et quand j’arrivai Vial me reprocha sévèrement mon retard ... Je dus donc décider pour mes autres nuits de garde de m’étendre tout habillé sur mon lit mais j’étais incapable de m’endormir dans cette situation, d’où privation de sommeil une nuit sur trois, ce qui ne pouvait que m’user davantage nerveusement. »

Sa vie politique : il rencontre le Comte de Paris et le maréchal Pétain pour essayer de les influencer.

Après guerre il lutte par la parole et par les livres contre le communisme. « Je pris l’initiative de créer une nouvelle Résistance clandestine … pour faire face à la pénétration du marxisme dans les esprits. Je réunis discrètement pour cela des dirigeants de groupes qui avaient été fidèles au maréchal Pétain tout en demeurant toujours hostiles au collaborationnisme et à l’hitlérisme … Par là en maints endroits on pouvait faire pénétrer des influences efficaces s’opposant aux infiltrations communistes. »

Sa vie amicale : nombreux furent ses amis qu’il évoque au fil des pages. Citons parmi  beaucoup d’autres Maurice Merleau-Ponty à qui il demanda d’être son témoin de mariage, mais qui ne put accepter en raison d’un deuil récent.

Et bien sûr il raconte longuement sa vie d’apostolat avec surtout le Centre d’Etudes Religieuses qui fut la grande œuvre de sa vie

Mgr Lustiger

2014-01-20

Le cardinal Lustiger (1926-2007) est né, à Paris, de parents juifs d’origine polonaise. Sa mère, déportée en 1942, est morte à Auschwitz en 1943. Converti au catholicisme, il est baptisé, à Orléans, le 25 août 1940. Ordonné prêtre en 1954, il est aumônier des étudiants au Centre Richelieu puis curé de la paroisse Sainte Jeanne de Chantal. En 1979, il est nommé, par le pape Jean-Paul II, évêque d’Orléans puis archevêque de Paris en 1981. Il y reste jusqu’en 2005, date à laquelle Monseigneur Vingt-Trois prend sa succession. Jean-Paul II l’a créé cardinal en 1983. En 1995, il a été élu à l’Académie française.

Le cardinal Lustiger a pris de nombreuses initiatives pour donner un nouvel élan à l’Église dans son diocèse. Il s’est occupé particulièrement  de la formation des prêtres ; il a fondé l’École cathédrale ; pour que la pensée de l’Église atteigne mieux la population il a été à l’origine de Radio Notre-Dame, de KTO. Il n’a pas hésité à intervenir dans les domaines de société, qu’il s’agisse de l’enseignement libre ou du respect de la vie. Sur le plan international, il a joué un rôle important au sujet des relations entre l’Église et le judaïsme. C’était une personnalité forte dont l’action a rayonné bien au-delà du diocèse de Paris.

Pour ce qui concerne le Centre d’Etudes Religieuses, le cardinal Lustiger a présidé la cérémonie qui a eu lieu dans la basilique du Sacré-Cœur de Montmartre, en 1985, en présence de Monseigneur Felici, nonce apostolique, ainsi que de notre aumônier, le père Jacques Germaix ; il a également célébré une messe pour le repos de l’âme de Jean Daujat, le 31 octobre 1998, à Notre-Dame de la Salette. 

Jean Duchesne

2014-01-20

Jean Duchesne, ancien élève de l’Ecole Normale Supérieure de Saint-Cloud, marié et grand-père de dix petits-enfants, a été professeur de chaire supérieure en classes préparatoires littéraires et scientifiques et pendant plus de quinze ans président de l’Union des Professeurs enseignant les disciplines Littéraires dans les classes préparatoires Scientifiques, et à ce titre membre de la Conférence des Grandes Ecoles et interlocuteur de pratiquement tous les ministres de l’Education nationale et/ou de l’Enseignement supérieur et de la Recherche de 1993 à 2009. 

Auprès du cardinal Lustiger, il s’est occupé non seulement de la mise au point de ses livres, des relations avec les éditeurs et des traductions, mais aussi d’une partie de ses rapports avec le monde universitaire et intellectuel (comme secrétaire du « Club de l’Archevêque », préparant cinq fois par an des rencontres privées entre le cardinal entouré de proches et une personnalité, croyante ou non, invitée à présenter ses travaux et recherches dans la mesure où ceux-ci soit présentaient un intérêt pour la mission pastorale de l’Eglise, soit représentaient des courants novateurs dans la culture contemporaine où s’inscrit toute évangélisation). En tant qu’angliciste par ailleurs, il a participé comme organisateur et interprète à tous ses échanges avec le monde anglo-saxon, notamment aux Etats-Unis, y compris avec les diverses tendances du judaïsme. En raison de tout cela il est aujourd’hui l’exécuteur littéraire du cardinal Lustiger.

Il est l’auteur de plusieurs ouvrages : Petite histoire d’Anglo-Saxonnie (Presses de la Renaissance, 2007), Histoire sainte et  Histoire de Jésus et de ses apôtres racontées à mes petits-enfants (Parole et Silence, 2008 et 2010), Histoire de l’Eglise racontée à mes petits-enfants (à paraître aux Editions CLD), Incurable romantisme (Parole et Silence 2013).

Exhortation apostolique

2013-12-03

A la suite du Synode des évêques qui s’est tenu du 7 au 28 octobre 2012, donc sous le pontificat de Benoît XVI,  à Rome, sur le thème de « La nouvelle évangélisation pour la transmission de la foi chrétienne », le Saint Père nous a donné, le jour de la fête du Christ Roi, en conclusion de l’année de la foi, dans l’exhortation apostolique Evangelii gaudium, la joie de l’Évangile, plus qu’un compte-rendu de ce synode, un programme : « La joie de l’Évangile remplit le cœur et toute la vie de ceux qui rencontrent Jésus. Ceux qui se laissent sauver par lui sont libérés du péché, de la tristesse, du vide intérieur, de l’isolement. Avec Jésus Christ la joie renaît toujours. Dans cette Exhortation, je désire m’adresser aux fidèles chrétiens, pour les inviter à une nouvelle étape évangélisatrice marquée par cette joie et indiquer des voies pour la marche de l’Église dans les prochaines années. » Le pape François commence par insister sur cette présence de la joie dans l’Ancien Testament comme dans le Nouveau, ainsi que la joie d’évangéliser : « Le bien tend toujours à se communiquer. Chaque expérience authentique de vérité et de beauté cherche par elle-même son expansion, et chaque personne qui vit une profonde libération acquiert une plus grande sensibilité devant les besoins des autres. Lorsqu’on le communique, le bien s’enracine et se développe. » « De diverses manières, ces joies puisent à la source de l’amour toujours plus grand de Dieu qui s’est manifesté en Jésus Christ. Je ne me lasserai jamais de répéter ces paroles de Benoît XVI qui nous conduisent au cœur de l’Évangile : « A l’origine du fait d’être chrétien, il n’y a pas une décision éthique ou une grande idée, mais la rencontre avec un événement, avec une Personne, qui donne à la vie un nouvel horizon et par là son orientation décisive. »

« La nouvelle évangélisation appelle chacun et se réalise fondamentalement dans trois domaines. En premier lieu, mentionnons le domaine de la pastorale ordinaire, animée par le feu de l’Esprit pour embraser les cœurs des fidèles qui fréquentent régulièrement la communauté et qui se rassemblent le jour du Seigneur pour se nourrir de sa Parole et du Pain de la vie éternelle. … En second lieu, rappelons le domaine des personnes baptisées qui pourtant ne vivent pas les exigences du baptême, qui n’ont pas une appartenance du cœur à l’Église et ne font plus l’expérience de la consolation de la foi. … Enfin, remarquons que l’évangélisation est essentiellement liée à la proclamation de l’Évangile à ceux qui ne connaissent pas Jésus Christ ou l’ont toujours refusé. » Nous sommes tous invités à évangéliser, à partir en mission : « sortir de son propre confort et avoir le courage de rejoindre toutes les périphéries qui ont besoin de la lumière de l’Évangile. »

Le pape François place cette nouvelle évangélisation dans la situation du monde actuel qui vit un tournant historique qui se manifeste par des contrastes entre les progrès techniques considérables et les exclusions qui se développent. « Nous devons dire non à une économie de l’exclusion et de la disparité sociale. Une telle économie tue. Il n’est pas possible que le fait qu’une personne âgée, réduite à vivre dans la rue, meure de froid ne soit pas une nouvelle, tandis que la baisse de deux points en bourse en soit une. Voilà l’exclusion. On ne peut plus tolérer le fait que la nourriture se jette, quand il y a des personnes qui souffrent de la faim. C’est la disparité sociale. » « Une des causes de cette situation se trouve dans la relation que nous avons établie avec l’argent, puisque nous acceptons paisiblement sa prédominance sur nous et sur nos sociétés. La crise financière que nous traversons nous fait oublier qu’elle a à son origine une crise anthropique profonde : la négation du primat de l’être humain ! Nous avons créé de nouvelles idoles. L’adoration de l’antique veau d’or a trouvé une nouvelle et impitoyable version dans le fétichisme de l’argent et dans la dictature de l’économie sans visage et sans un but véritablement humain. La crise mondiale qui investit la finance et l’économie manifeste ses propres déséquilibres et, par-dessus tout, l’absence grave d’une orientation anthropologique qui réduit l’être humain à un seul de ses besoins : la consommation. »  « L’argent doit servir et non pas gouverner ! Le Pape aime tout le monde, riches et pauvres, mais il a le devoir, au nom du Christ, de rappeler que les riches doivent aider les pauvres, les respecter et les promouvoir. Je vous exhorte à la solidarité désintéressée et à un retour de l’économie et de la finance à une éthique en faveur de l’être humain. » « Tant que ne seront pas résolus radicalement les problèmes des pauvres, en renonçant à l’autonomie absolue des marchés et de la spéculation financière, et en attaquant les causes structurelles de la disparité sociale, les problèmes du monde ne seront pas résolus. » « Nous ne pouvons plus avoir confiance dans les forces aveugles et dans la main invisible du marché. » « Il est indispensable que les gouvernants et le pouvoir financier lèvent les yeux et élargissent leurs perspectives, qu’ils fassent en sorte que tous les citoyens aient un travail digne, une instruction et une assistance sanitaire. Et pourquoi ne pas recourir à Dieu afin qu’il inspire leurs plans ? Je suis convaincu qu’à partir d’une ouverture à la transcendance pourrait naître une nouvelle mentalité politique et économique, qui aiderait à dépasser la dichotomie absolue entre économie et bien commun social. »

Cette situation relègue la foi dans le domaine privé ce qui rejaillit sur l’évangélisation : « Le processus de sécularisation tend à réduire la foi et l’Église au domaine privé et intime. De plus, avec la négation de toute transcendance, il a produit une déformation éthique croissante, un affaiblissement du sens du péché personnel et social, et une augmentation progressive du relativisme, qui donnent lieu à une désorientation généralisée, spécialement dans les phases de l’adolescence et de la jeunesse, très vulnérables aux changements. … nous vivons dans une société de l’information qui nous sature sans discernement de données, toutes au même niveau, et qui finit par nous conduire à une terrible superficialité au moment d’aborder les questions morales. » « La famille traverse une crise culturelle profonde, comme toutes les communautés et les liens sociaux. Dans le cas de la famille, la fragilité des liens devient particulièrement grave parce qu’il s’agit de la cellule fondamentale de la société, du lieu où l’on apprend à vivre ensemble dans la différence et à appartenir aux autres et où les parents transmettent la foi aux enfants. Le mariage tend à être vu comme une simple forme de gratification affective qui peut se constituer de n’importe quelle façon et se modifier selon la sensibilité de chacun. Mais la contribution indispensable du mariage à la société dépasse le niveau de l’émotivité et les nécessités contingentes du couple. Comme l’enseignent les évêques français, elle ne naît pas « du sentiment amoureux, par définition éphémère, mais de la profondeur de l’engagement pris par les époux qui acceptent d’entrer dans une union de vie totale. »

L’évangélisation doit aussi tenir compte des différentes cultures. « Le besoin d’évangéliser les cultures pour inculturer l’Évangile est impérieux. » S’il faut reconnaître les péchés de certains membres de l’Église et la douleur qui en résulte, il ne faut pas oublier l’apport considérable de celle-ci : « Cependant, je dois dire en premier lieu et en toute justice, que l’apport de l’Église dans le monde actuel est immense. » L’évangélisation demande aussi d’aller à la rencontre de ceux qui sont les plus loin. « Nous ne pouvons pas toujours manifester adéquatement la beauté de l’Évangile mais nous devons toujours manifester ce signe : l’option pour les derniers, pour ceux que la société rejette et met de côté. » « Je désire une Église pauvre pour les pauvres. Ils ont beaucoup à nous enseigner. En plus de participer au sensus fidei, par leurs propres souffrances ils connaissent le Christ souffrant. Il est nécessaire de nous laisser évangéliser par eux. … Notre engagement ne consiste pas exclusivement en des actions ou des programmes de promotion ou d’assistance ; ce que l’Esprit suscite n’est pas un débordement d’activisme, mais avant tout une attention à l’autre qu’il considère comme un avec lui. » « Étant donné que cette exhortation s’adresse aux membres de l’Église catholique, je veux dire avec douleur que la pire discrimination dont souffrent les pauvres est le manque d’attention spirituelle. … L’option préférentielle pour les pauvres doit se traduire principalement par une attention religieuse privilégiée et prioritaire. » « Parmi ces faibles, dont l’Église veut prendre soin avec prédilection, il y a aussi les enfants à naître, qui sont les plus sans défense et innocents de tous, auxquels on veut nier aujourd’hui la dignité humaine afin de pouvoir en faire ce que l’on veut, en leur retirant la vie et en promouvant des législations qui font que personne ne peut l’empêcher. … Cette défense de la vie à naître est intimement liée à la défense de tous les droits humains. Elle suppose qu’un être humain est toujours sacré et inviolable, dans n’importe quelle situation et en toute phase de son développement. Elle est une fin en soi et jamais un moyen pour résoudre d’autres difficultés. Si cette conviction disparaît, il ne reste plus de fondements solides et permanents pour la défense des droits humains, qui seraient toujours sujets aux convenances contingentes des puissants du moment. »

Il revient également sur le dialogue entre la raison et la foi, cher à son prédécesseur ainsi que sur l’œcuménisme. « La foi ne craint pas la raison ; au contraire elle la cherche et lui fait confiance, parce que la lumière de la raison et celle de la foi viennent toutes les deux de Dieu, et ne peuvent se contredire entre elles. » « La crédibilité de l’annonce chrétienne serait beaucoup plus grande si les chrétiens dépassaient leurs  divisions et si l’Église réalisait la plénitude de la catholicité qui lui est propre en ceux de ses fils qui, certes, lui appartiennent par le baptême, mais se trouvent séparés de sa pleine communion. »
L’évangélisation doit s’enraciner dans la prière et s’appuyer sur Marie, Mère de l’évangélisation. « L’Église ne peut vivre sans le poumon de la prière. » « La meilleure motivation pour se décider à communiquer l’Évangile est de le contempler avec amour, de s’attarder en ses pages et de le lire avec le cœur. Si nous l’abordons de cette manière, sa beauté nous surprend et nous séduit chaque fois. Donc il est urgent de retrouver un esprit contemplatif, qui nous permette de redécouvrir chaque jour que nous sommes les dépositaires d’un bien qui humanise, qui aide à mener une vie nouvelle. Il n’y a rien de mieux à transmettre aux autres. » « Avec Marie, avançons avec confiance … » introduit la prière mariale de conclusion.
Cette exhortation longue, puisqu’elle comporte 288 paragraphes, fait de nombreuses références à saint Thomas d’Aquin. Comme dans l’encyclique Lumen fidei, on y retrouve avec plaisir la culture française de notre pape à travers une référence au « Journal d’un curé de campagne » de Georges Bernanos mais surtout, cette exhortation apostolique est bien, comme le Saint Père l’annonce lui-même, plus un programme pour les années à venir qu’une synthèse du synode, un appel adressé à tous les catholiques à la joie de l’Évangile et de l’évangélisation. 

 

Encyclique Lumen Fidei

2013-09-19

Le pape François a publié sa première encyclique en continuité avec son prédécesseur Benoît XVI qui en avait déjà rédigé l’essentiel. En janvier 2006, celui-ci avait publié Deus caritas est, en novembre 2007 Spe salvi et, en cette année de la foi, Lumen fidei, datée du 29 juin 2013, est venue compléter ces enseignements consacrés aux trois vertus théologales. La lumière de la foi illumine notre chemin vers Dieu, elle est « capable d’éclairer toute l’existence de l’homme. Pour qu’une lumière soit aussi puissante, elle ne peut provenir de nous-mêmes, elle doit venir d’une source plus originaire, en définitive de Die. La foi naît de la rencontre avec le Dieu vivant, qui nous appelle et nous révèle son amour, un amour qui nous précède et  sur lequel nous pouvons nous appuyer pour être solides et construire notre vie. » Notre foi qui s’enracine dans celle d’Abraham atteint sa plénitude avec le Christ. « Si Israël rappelait les grands actes d’amour de Dieu, qui formaient le centre de sa confession et ouvraient le regard de sa foi, désormais la vie de Jésus apparaît comme le lieu de l’intervention définitive de Dieu, la manifestation suprême de son amour pour nous. »

La foi, contrairement à ce que pensent beaucoup de nos contemporains, est profondément liée à la vérité. « Il reste alors seulement un relativisme dans lequel la question sur la vérité de la totalité, qui au fond est aussi une question sur Dieu, n’intéresse plus. Il est logique dans cette perspective, que l’on veuille éliminer la connexion de la religion avec la vérité, car ce lien serait la racine du fanatisme, qui cherche à écraser celui qui ne partage pas la même croyance. En réalité, la foi, la vérité et l’amour sont profondément liés » . « La foi connaît dans la mesure où elle est liée à l’amour, dans la mesure où l’amour même porte une lumière. La compréhension de la foi est celle qui naît lorsque nous recevons le grand amour de Dieu qui nous transforme intérieurement et nous donne des yeux nouveaux pour voir la réalité. » « C’est seulement dans la mesure où l’amour est fondé sur la vérité qu’il peut perdurer dans le temps, dépasser l’instant éphémère et rester ferme pour soutenir une marche commune. Si l’amour n’a pas de rapport avec la vérité, il est soumis à l’instabilité des sentiments et il ne surmonte pas l’épreuve du temps. L’amour vrai, au contraire, unifie tous les éléments de notre personne et devient une lumière nouvelle vers une vie grande et pleine. Sans vérité, l’amour ne peut pas offrir de lien solide, il ne réussit pas à porter le moi au-delà de son isolement, ni à le libérer de l’instant éphémère pour édifier la vie et porter du fruit. Si l’amour a besoin de la vérité, la vérité, elle aussi, a besoin de l’amour. Amour et vérité ne peuvent se séparer. Sans amour, la vérité se refroidit, devient impersonnelle et opprime la vie concrète de la personne. La vérité que nous cherchons, celle qui donne sens à nos pas, nous illumine quand nous sommes touchés par l’amour. Celui qui aime comprend que l’amour est une expérience de vérité, qu’il ouvre lui-même nos yeux pour voir la réalité de manière nouvelle, en union avec la personne aimée. » « Mus par le désir d’illuminer toute réalité à partir de l’amour de Dieu manifesté en Jésus et cherchant à aimer avec le même amour, les premiers chrétiens trouvèrent dans le monde grec, dans sa faim de vérité, un partenaire idoine pour le dialogue. La rencontre du message évangélique avec la pensée philosophique du monde antique fut un passage déterminant pour que l’Évangile arrive à tous les peuples. Elle favorisa une interaction féconde entre foi et raison qui s’est toujours développée au cours des siècles jusqu’à nos jours. »

La transmission de la foi se fait dans l’Église et « la foi n’est pas seulement une option individuelle … Par nature, elle s’ouvre au nous, elle advient toujours dans la communion de l’Église. » « C’est par la Tradition Apostolique conservée dans l’Église avec l’aide de l’Esprit Saint, que nous avons un contact vivant avec la mémoire fondatrice. Et ce qui a été transmis par les Apôtres embrasse tout ce qui contribue à une sainte conduite de la vie du Peuple de Dieu et à l’accroissement de la foi et ainsi l’Église, dans sa doctrine, sa vie et son culte, perpétue et transmet à toutes les générations tout ce qu’elle est elle-même, tout ce qu’elle croit. »

La foi éclaire également la vie en société. « Dans la modernité, on a cherché à construire la fraternité universelle entre les hommes, en la fondant sur leur égalité. Peu à peu cependant, nous avons compris que cette fraternité, privée de la référence à un Père commun comme son fondement ultime, ne réussit pas à subsister. Il faut donc revenir à la vraie racine de la fraternité. » « L’amour inépuisable du Père commun nous est communiqué en Jésus, à travers aussi la présence du frère. » Puisse cette encyclique toucher de nombreuses personnes et les éclairer.

 

Mgr Ghika et le CER

2013-09-10

Le dimanche 7 avril 2013, le Centre d’Etudes Religieuses fondé par Jean Daujat à l’automne 1925, organisait une conférence sur Monseigneur Ghika donnée par le père Daniel Ange, au collège des Bernardins, à Paris. Entre le moment, un an auparavant,  où nous avions prévu cet événement et sa réalisation, nous avons eu la grande joie d’apprendre que la béatification de Monseigneur Ghika avait été fixée.

Le CER donne une formation doctrinale et spirituelle catholique pour adultes, à Paris et Monseigneur Ghika a joué un rôle important dans la vie de son fondateur. Jean Daujat est entré en contact avec celui qu’il appelait le prince abbé Ghika au printemps 1925, sur le conseil de  Jacques Maritain : « Dès ce premier contact, j’eus l’impression d’avoir affaire à un saint : il rayonnait la présence de Dieu en lui et la prière dont il vivait sans interruption. » Il allait jouer un rôle de plus en plus important dans la vie de Jean Daujat, comme directeur spirituel qu’il demeura jusqu’en 1939 dans l’enthousiasme de l’harmonie de leurs orientations, comme conférencier pour le CER ou pour les catholiques de l’École Normale Supérieure où Jean Daujat étudiait.

Il joua également un rôle important dans sa vie privée. Pendant l’été 1930, Sonia Hansen, peintre danoise, suivit le conseil de Jean Daujat d’aller passer quelques jours de retraite à Auberive, dans la maison des Frères et Sœurs de saint Jean fondée par Monseigneur Ghika et c’est de là, qu’il reçut une lettre d’Yvonne Estienne qui lui apprenait que Sonia l’aimait vraiment beaucoup. C’est elle qu’il épousa et Monseigneur Ghika conseilla nettement à Jean Daujat cette union qui dura 62 ans, jusqu’à la mort de Sonia. C’est lui qui célébra leur messe de fiançailles et bénit leur mariage, dans l’église Saint-Jacques du Haut Pas le 15 novembre 1930, Jacques Maritain conduisant Sonia à l’autel en l’absence de son père. Par la suite, il célébra la messe quelquefois dans leur appartement, dormit de temps à autre sur leur divan ; Sonia alla maintes fois l’aider pour son installation et son apostolat à Villejuif. Ils collaborèrent dans l’association Fra Angelico des artistes catholiques. Il les aida souvent de ses conseils spirituels.

Le 15 novembre 1931, pour leur premier anniversaire de mariage, Monseigneur Ghika célébra une messe dans l’appartement de Jean et Sonia Daujat en présence des parents de celui-ci, Alice et Maurice. Le prince abbé intervint auprès de Maurice qui avait cessé de pratiquer depuis son adolescence ; il se confessa et communia, entamant une ascension spirituelle qui devait durer jusqu’à sa mort en 1950. Ce retour à Dieu fut, bien entendu, une très grande joie pour son fils.

Jean Daujat, qui a donc beaucoup fréquenté Monseigneur Ghika jusqu’en 1939, lui a consacré un livre (Nouvelles éditions latines) et il en parle souvent dans ses Mémoires (Téqui, 2012). Le Centre d’Etudes Religieuses poursuit l’œuvre entreprise par Jean Daujat et se réjouit de la béatification de Monseigneur Ghika qui a participé à ses débuts et compte sur son intercession.

Présentation des Mémoires de Jean Daujat par Claude Paulot

2013-02-05

Le fondateur du Centre d’Etudes Religieuses, Jean Daujat, m’a chargé de publier ses mémoires après sa mort survenue le jour de la Pentecôte, le 31 mai 1998. De 1906 à 1998, sa longue vie traverse le vingtième siècle et ses mémoires constituent un document passionnant sur cette époque car il se souvenait de tout ; il écrit de mémoire mais cette faculté était chez lui prodigieuse. Ceci lui a permis de raconter les événements qu’il a vécus avec une précision remarquable. Il se souvient de son enfance, avant la première guerre mondiale, et du déroulement de celle-ci qu’il suivait attentivement car son intelligence très précoce en percevait non seulement le détail mais la vue d’ensemble et ceci était demeuré dans son esprit, comme ceux qui ont suivi sa dernière conférence, le 15 mars 1998 à la Trinité, ont pu s’en rendre compte. La première guerre mondiale constitue une rupture dans l’histoire, le monde et les mentalités n’étaient pas les mêmes avant et après et Jean Daujat donne un témoignage passionnant de la vie avant ce hiatus.
Jean Daujat, d’une brillante intelligence, a suivi un parcours original ; il n’est entré à l’école qu’en 1918, en classe de quatrième ; jusqu’à cette date, sa mère s’était chargée de son éducation et de son instruction, lui donnant une solide culture classique. Il se souvenait de tout, depuis les menus de sa petite enfance jusqu’aux programmes scolaires des différentes classes qu’il avait suivies donnant son avis sur la qualité des uns comme des autres, de la valeur ou de la nocivité de tel régime alimentaire à la puissance formatrice de tel raisonnement mathématique. La minutie et la qualité de ces souvenirs en font un document précieux.
Entré à l’École normale supérieure en 1926, il y côtoie des scientifiques comme Chevalley, Dieudonné, Cartan ou André Weil, des littéraires, historiens ou philosophes comme Simone Weil, Merleau-Ponty, Henri-Irénée Marrou, Sartre et Simone de Beauvoir, Raymond Aron, Etienne Borne, Thierry Maulnier, Bardèche, Brasillach, Jean Guitton.
Mais des mémoires font pénétrer dans la vie privée de celui qui écrit et, sur ce point de vue, il ne cache rien, faisant preuve de la même minutie servie par son exceptionnelle mémoire des faits et des personnes. Il dévoile les frasques amoureuses de son père et les tensions qui pouvaient exister entre ses parents avec un étrange mélange de regard à la fois d’observateur extérieur et de compassion, ne jugeant pas la personne, avec cette confiance absolue qui était la sienne dans la miséricorde infinie de Dieu. Son père, comme sa mère, reviendront, sous son influence, à la pratique des sacrements et feront une mort très chrétienne. Il ne cache non plus, rien de lui-même, depuis sa première déclaration d’amour vers l’âge de cinq ans à une petite fille inconnue sur un plage de Normandie jusqu’à ses secrets les plus intimes y compris ses faiblesses.
L’œuvre primordiale de la vie de Jean Daujat a été le Centre d’Etudes Religieuses qu’il a fondé en 1925, à la veille de ses 19 ans. Au lycée Pasteur à Neuilly, son professeur de biologie, Jules Lefèvre, l’oriente vers saint Thomas d’Aquin, notamment par la lecture de l’Introduction à la philosophie de Jacques Maritain. Amédée d’Yvignac lui fait rencontrer celui-ci qui lui conseille de se former doctrinalement et spirituellement. Pour cela il est mis en contact avec le Père Garnier, Assistant général des religieux de saint Vincent de Paul. C’est ce dernier qui ouvre les cours de ce qui deviendra le CER, le 25 octobre 1925, dans les locaux de Notre-Dame de la Salette où notre aumônier actuel, le père jacques Germaix, est aujourd’hui vicaire. C’est le cardinal Verdier, archevêque de Paris, qui donnera son nom au Centre d’Etudes Religieuses en 1929 et Jean Daujat commencera à y enseigner lui-même en 1931. Des milliers d’élèves ont été formés par lui. Le rayonnement de Jean Daujat a été quelque chose d’étonnant car, un peu partout, dans les villes comme dans les coins reculés de la campagne, on trouve fréquemment des gens qui ont bénéficié de son influence, comme j’ai pu souvent le constater ; c’est extraordinaire, à la sortie de la messe d’un petit village de province de rencontrer quelqu’un qui a suivi les cours 20, 30 ans auparavant et qui en reste marqué et demeure toujours motivé par la vie du CER. Ce rayonnement dépasse d’ailleurs les frontières car il atteint des ressortissants de pays africains, voire d’Asie ou d’Amérique, sans compter divers pays européens.
Il y eut de nombreuses vocations sacerdotales ou religieuses parmi ses élèves et, là encore, dans de nombreux monastères, on trouve d’anciens élèves de Jean Daujat qui lui restent attachés par delà les années, peut-être d’autant plus que cette période se rattache aux années de leur jeunesse et de la floraison de leur vocation. Mais le CER ne fut pas seulement à l’origine de vocations, de nombreuses amitiés s’y nouèrent qui durent, des rencontres qui conduisirent à des mariages y eurent lieu. Les enfants des premières générations y sont élèves à leur tour et parfois les petits enfants ; cet attachement à travers le temps et les générations témoigne de l’amitié et de la fidélité. La vie de Jean Daujat se confondit rapidement avec celle du CER, c’était sa famille.

Pratiquement, pour ce qui concerne ce premier tome, outre les corrections que j’ai effectuées dans le texte, j’ai ajouté en annexe trois documents qui me paraissent compléter le point de vue de Jean Daujat :
Les lettres de Jacques Maritain correspondant à la période de ce premier tome qui montrent la bienveillance du philosophe catholique vis-à-vis du jeune homme et, parfois, les barrières nécessaires pour canaliser les initiatives surgissant de son esprit d’entreprise.
Le récit donné dans un de ses livres par Yvonne Estienne de son premier contact avec Jean Daujat par l’entremise de Monseigneur Ghika.
Le témoignage de Jean de Fabrègues sur le zèle apostolique de l’étudiant qu’était alors Jean Daujat.

Vladimir Ghika, prince, prêtre et martyr

2013-02-02

Mgr Ghika, dont le procès de béatification a été ouvert en 2002, a exercé une forte influence sur Jean Daujat, comme les lecteurs du premier tome de ses Mémoires ont pu le constater. Il a béni le mariage des parents de ce dernier, ainsi que celui des parents du père Daniel-Ange.
Il est encore trop peu connu, alors que sa vie est riche en contrastes et hors du commun.


Né à Constantinople en 1873, au sein d’une famille régnante roumaine, il vivra plusieurs années dans une cabane, au cœur de la « zone » de Villejuif, et mourra dans une prison de Bucarest en 1954.
Issu d’un milieu orthodoxe, il sera ordonné prêtre catholique pour le diocèse de Paris.
Laïc, il étudiera la théologie et ne deviendra prêtre qu’à l’âge de cinquante ans, après avoir vécu vingt ans durant cette vie de laïc, théologien et d’apôtre.
Il développera une intense activité diplomatique, sera l’ami des intellectuels et des artistes, tels Maritain ou Claudel, mais se dévouera aussi au chevet des blessés de guerre et des victimes du choléra.
Se trouvant en Roumanie au début de la seconde guerre mondiale pour une courte visite à sa famille, avec l’occupation allemande, puis russe, il n’en reviendra jamais. Là encore, il exercera une intense activité auprès de toutes les misères matérielles et spirituelles. Malgré une santé précaire, il continuera sa mission sacerdotale. En 1952, il sera arrêté, torturé et condamné à trente ans d’incarcération dans la prison de Jilava, près de Bucarest. Il y prêchera, racontera ses souvenirs, et illuminera d’un peu de joie les visages qui l’entoureront. Pour lui, les murs de la prison n’existaient pas. Il était libre, parce qu’il faisait la volonté de Dieu.
Il mourra d’épuisement le 16 mai 1954.


Mgr Ghika (au centre), entouré des parents de Jean Daujat et de Jacques Maritain (à gauche), lors du mariage de Jean Daujat et Sonia Hansen.