Témoignages

Jacques et Marie, cycle CER 2008-2011

Nous venons de terminer, à regret, le cycle du C.E.R. (centre d’études religieuses), à la paroisse de la Trinité dans le 9ème ; à regret, car on aimerait continuer, approfondir et poursuivre le chemin ensemble. On en avait pris l’habitude...
D’abord, on est frappé par la variété de l’auditoire, sa jeunesse surtout avec beaucoup d’étudiants, mais aussi son aspect intergénérationnel. En voici une preuve : nous avons suivi l’année de philosophie, avec notre future belle-fille...que nous ne connaissions pas ! Les liens du CER ont placé nos relations avec elle, d’emblée, au bon niveau.
Au CER, on revient sans cesse au réel, au bon sens, avec la raison et la mesure, sans verser dans l’outrance, dans le gallicanisme, ou pire, dans le sectarisme. Pas de place pour le virtuel, le « zapping », le ressenti et l’immédiateté...Foi et raison y font bon ménage.
Enfin, le CER nous invite à rechercher « les ancres du ciel », pour reprendre le titre d’un livre qui vient de sortir, avec l’incitation à la prière, et à la participation à des retraites périodiques etc...Merci de tout cœur à tous les bénévoles qui font marcher cette belle locomotive.

 

Aimé, 68 ans, marié, 3 enfants

Je suis venu aux cours du C E R une fois retiré de la vie professionnelle et après avoir, pendant une année, fréquenté les conférences de l’Université du Milieu de la Vie de l’Institut Catholique de Paris. Je n’y avais pas trouvé ce que je cherchais, c'est-à-dire un exposé de la doctrine catholique confrontée aux présupposés idéologiques du monde moderne.
J’avais en effet été, de par mes fonctions dans l’Administration de l’Etat, le témoin interrogateur et souvent l’acteur dubitatif de politiques sous tendues par des conceptions de l’homme et de la société qui me heurtaient. Dans cet état d’insatisfaction profonde, j’avais cherché, à travers des lectures de philosophes, d’historiens, de juristes, à comprendre comment nous en étions collectivement arrivés là.
Je dois préciser qu’ayant reçu une éducation très chrétienne dans ma famille puis dans un petit séminaire, je m’étais éloigné de la pratique de la religion sous l’effet de l’air du temps et de la laïcisation profonde du milieu professionnel dans lequel j’œuvrais. Mais l’effet délétère de ces deux facteurs conjugués, et l’absurdité du modèle humain qu’ils promouvaient, me conduisirent peu à peu à chercher à me raccrocher à de plus solides fondements. Après une période d’exploration des spiritualités orientales se concluant par une impossibilité d’adhérer tant aux fins qu’aux méthodes, je renouai, déjà quadragénaire, avec les perspectives offertes par la spiritualité chrétienne.

Le facteur déclenchant fut paradoxalement la participation aux préparatifs de la célébration du deux centième anniversaire de la révolution française, dans un département où la résistance à la politique anticatholique du nouveau régime avait été très générale, et réprimée dans le sang. La lecture des œuvres majeures consacrées à l’analyse et à des essais d’explication de cette période démoralisante me ramena d’instinct vers la foi catholique, tant je fus sensible au caractère intemporel de la doctrine chrétienne, à la grandeur qu’elle reconnaît en l’homme malgré sa faiblesse, à l’objectif exaltant qu’elle lui assigne
Mais le caractère prenant de ma vie professionnelle ne me permit pas de me plonger dans des études proprement religieuses, dont l’intérêt et la nécessité me paraissaient de plus en plus évidents au fur et à mesure que je redevenais un catholique pratiquant. C’est dans cet état d’esprit que j’ai abordé les cours du CER., espérant trouver la réponse à toutes les questions que je me posais encore.

J’ai été exaucé bien au-delà de mes espérances ; en effet celles-ci étaient le fait d’une personne très ignorante de bien des aspects de sa religion, et ne soupçonnant pas la richesse et la portée de celle-ci. Cet approfondissement des réalités de la foi s’est opéré grâce à deux approches complémentaires :
1) Les trois années de cours m’ont fourni la charpente de la doctrine catholique ; dans celle-ci deux pièces maîtresses parmi d’autres, citées à titre d’exemple :
- le positionnement de la philosophie catholique par rapport aux autres systèmes philosophiques, antiques et modernes, que j’avais longtemps exploré en aveugle, m’a permis de comprendre les déviances intellectuelles qui sont à la base des constructions socio-politiques modernes, et qui expliquent leurs aberrations,
- la comparaison entre le catholicisme et les autres religions m’a fait toucher du doigt, dans le détail, la nature et la profondeur des différences respectives, et les pierres d’achoppement du dialogue inter-religieux.
2) L’accès libre à la bibliothèque de théologie et la possibilité d’emprunter les livres de mon choix m’a permis de pénétrer dans la pensée des plus grands saints, de me familiariser avec les écrits des meilleurs théologiens, d’étudier l’histoire de l’Eglise, de prendre connaissance directement des enseignements des papes et des décisions des conciles...etc.
J’ai d’ailleurs constaté que chaque lecture en appelle une autre, en donnant envie de s’engager plus avant dans la compréhension de notre relation avec Dieu

Ces deux moyens de mieux connaître celle-ci m’ont été un secours précieux pour progresser dans la vie chrétienne, m’ont donné l’envie de lire et méditer l’Evangile et les grands auteurs spirituels, m’ont fait comprendre la valeur et l’efficacité de la prière, m’ont permis de me situer plus véritablement dans ma vie sociale, m’ont fait comprendre le caractère divin de la famille...etc. J’ai saisi comment la vérité est indispensable à notre intelligence, la charité à notre volonté, la beauté à notre sensibilité, pour que nous nous approchions du royaume de la justice qu’il importe d’instaurer en nous.

A 68 ans il m’arrive de penser que j’aurais gagné à commencer plus tôt dans ma vie mon aventure avec le CER. Mais en même temps je remercie Dieu de m’avoir permis de la mener à un âge où l’expérience humaine permet de mesurer combien une telle aide est providentielle. Je souhaite à beaucoup de frères dans le Christ, quel que soit leur âge, leur condition, leur croyance, de s’engager dans ce qui se présente modestement comme une formation, mais qui est en réalité un moyen privilégié de cheminer vers notre destinée transcendante.

Hervé, 52 ans, père de 6 enfants et grand père de 2 enfants, promotion 2008

En revenant de d'Asie et notamment de Chine où j'ai passé 9 ans, j'ai été touché par l'importance de se former comme chrétien, sous peine de devenir tiède, car là bas, nous étions isolés. La foi ne peut vivre et surtout survivre, non seulement loin des sacrements, ce qui est une évidence mais, et les chrétiens l'oublient trop souvent, si nous ne nous formons pas.
Nous ne pouvons plus avoir la foi du charbonnier, d'abord parce que nous ne sommes pas charbonniers et aussi parce que le monde a changé et il faut défendre ses convictions, sous peine d'être totalement ébranlé.
Les cours ont finalement confirmé, en mettant des mots, en expliquant par des raisonnements, ce que la foi me fait découvrir.
Aimer, c'est d'abord connaître. Les cours qui justement nous font découvrir la tradition de l'Eglise, montrent, même si le mystère nous dépasse, et c'est ce qui est merveilleux, car Dieu n'est pas à l'échelle de l'homme, combien le Plan de Dieu est beau et harmonieux pour l'homme, combien cela fait sens.
Ces cours, m'ont montré combien l'Esprit Saint conduit l'Église et les hommes sincères et de bonne volonté. Ils m'ont aussi renforcé dans ma conviction de vivre toujours plus des sacrements et que la vie ne peut connaître une dichotomie entre notre foi et notre vie publique. Ils m'ont appris combien il fallait aimer l'Église au lieu de raisonner comme si nous étions en dehors. La joie de l'Église est notre tout comme ses souffrances, le bras ne pouvant se moquer de la jambe ou l'ignorer.
J'ai savouré ces cours que je relis très régulièrement, qui m'aident à argumenter pour les aumôneries ou discussions entre collègues... Ils sont indispensables pour structurer sa pensée, contrer les contre-vérités et l'ignorance. Quelque part, ces cours apaisent car ils donnent des mots à des intuitions au fond de nous mêmes.
Je recommande sans cesse les cours du CER. Partir de la philosophie est le plus important car c'est là que le chrétien rejoint l'homme sans Dieu.
Je suis admiratif de votre fidélité au CER et c'est un exemple d'engagement envers l'Eglise et les hommes, pour certainement beaucoup d'élèves. Continuez. Mon père spirituel a aussi savouré les cours de Jean Daujat...Je confie tous les jours le CER à la Vierge Marie.

Tristan, 41 ans, Directeur des ventes, marié, 3 enfants

J'ai connu le CER grâce aux tracts laissés tous les ans à la chapelle de la médaille miraculeuse, rue du Bac. Ça a tout de suite fait "tilt" car j'avais lu avec passion plusieurs ouvrages de Jean Daujat dans ma jeunesse et sa clarté comme sa rigueur m'avaient illuminé. J'ai retrouvé cette évidence dans les cours de Claude Paulot : Qu'est-ce que la vérité ? L'adéquation entre ce que je pense ou dis et la réalité désignée : ni plus, ni moins. Il n'y a donc bien qu'une vérité, mais il ne faut pas en faire un absolu idéal. À quoi sert une entreprise ? à servir ses clients et ses collaborateurs (merci aux financiers de servir l'entreprise dans ce but). Etc. Voilà pour la formation intellectuelle, où l'on comprend combien la doctrine catholique est rationnelle. Et s'ajoute la formation spirituelle, indispensable pour ne pas tomber dans le rationalisme, car l'essentiel est accessible sans diplôme : l'amour de Dieu et des frères. Merci au C.E.R., à Jean Daujat et à Claude Paulot.

Joseph, 63 ans

Je remercie le C.E.R. pour tout ce qu’il m’a transmis (la théologie, la philosophie, le social), la connaissance de la parole du Seigneur. J’ai acquis une très bonne formation pendant mes trois années.
Le monde chrétien catholique a besoin d’être formé spirituellement.
Les cours du C.E.R. ont tout changé dans ma vie spirituelle.
Après mes trois années de cours, je voulais suivre une formation pour être diacre. Au fils des années, l’Esprit-Saint m’a montré ma voie dans la vie de l’Église. Aujourd’hui, je sers ma paroisse, j’assiste le curé pour les baptêmes, pour les funérailles, pour les mariages. Je visite des malades, je porte la communion aux malades. J’accompagne des pélerins, etc... Je suis dans un groupe de prière et je fais des retraites spirituelles...

Laurent, promotion 2005

J’ai beaucoup apprécié les cours du C.E.R. que j’ai suivis de 2005 à 2008. Ces cours m’ont permis de fixer des connaissances sur des notions spirituelles et de mieux comprendre celles-ci. Les cours m’ont aussi permis de mieux redécouvrir ma foi et surtout de pouvoir lui donner un élan nouveau après quelques temps passés aux Equipes Notre-Dame Jeunes.
Ils m’ont aussi conforté dans l’idée que la vie sur terre est sacrée, qu’elle nous vient de Dieu seul et que l’on ne peut pas faire n’importe quoi avec ce qui représente un don de Dieu.
Acquérir de nouvelles connaissances et avoir des repères dans la vie comme dans sa foi me paraît fondamental pour vivre comme chrétien dans le monde actuel qui est un monde de plus en plus difficile. Heureusement que Dieu est avec nous malgré les épreuves de la vie et qu’il y a la foi.

Jean-Brice, promotion 2004

Pourquoi suivre des cours de métaphysique, de morale et de théologie au 21ème siècle ?
Pourquoi s’imaginer qu’il puisse y avoir une pensée plus vraie que les autres et même croire qu’il puisse y avoir une vérité ? Tout notre entourage nous dit que la seule manière de bien vivre est la recherche du plaisir.
Rien de nouveau sous le soleil ! Déjà les sophistes, il y a 25 siècles, affirmaient que toutes les opinions se valent, que l’homme est la mesure de toute chose, que seule vaut la rhétorique. Mais ils furent incapables d’en convaincre SOCRATE : ils pouvaient le dire, mais ils ne pouvaient pas le penser, car il est impossible de penser l’absurde ! La philosophie était née et c’est à la Grèce, que l’Europe doit ce socle indestructible sur lequel s’est bâtie notre civilisation.
Mais les civilisations sont mortelles !
Il nous faut donc revenir aux fondements, si nous voulons réapprendre à penser. Et c’est ce que nous offre le C.E.R., dirigé par un normalien de haut vol, Claude PAULOT, licencié en théologie, docteur es-sciences et professeur des Universités.
Il ne m’a pas été difficile de faire le voyage de Lille à Paris, deux fois par mois, pendant trois ans pour assister à ce cours merveilleux, qui montre le sens de la vie avec une logique rigoureuse.
La logique impitoyable d’un spécialiste de physique quantique correspond parfaitement aux besoins de rigueur et de certitudes de l’homme moderne.

Jean-Pierre Caveau, promotion 1959
curé de St-Lambert de Vaugirard (Paris)

J’ai suivi les cours de Jean Daujat en 1959/60 et 1960/61. Je cherchais un exposé systématique de la foi mais ce qui m’a marqué, c’est le temps que prenait à chaque cours Jean Daujat pour inviter à faire l’expérience de la prière. Il incitait à prendre fidèlement, chaque jour, au moins 10 minutes pour le Seigneur et aussi à prendre conscience de « ce qu’on cherchait par-dessus tout, à quoi on subordonnait tout le reste ». Cette prise de conscience pouvait révéler nos incohérences et donner le goût de se laisser unifier par le Seigneur.
En tout cas c’est cela qui a porté du fruit dans ma vie et je reste fidèle à cette invitation.

Une moniale bénédictine, promotion 1965

C’est une joie de pouvoir exprimer toute la reconnaissance que je dois à monsieur Jean Daujat. J’ai suivi ses cours de philosophie, spiritualité, théologie avant mon entrée au monastère en 1968.
A cette époque-là c’était dans un vieil amphi de la « Catho », quasi-comble, et il m’a été bon d’y côtoyer des personnes de tous âges – c’est encourageant pour quelqu’un d’encore jeune !
J’étais enseignante, tout en poursuivant des études scientifiques, j’entrevoyais une vie religieuse monastique, et je ressentais le besoin d’approfondir et d’étayer ma foi.
Les cours de monsieur Jean Daujat ont répondu à mon attente ; ils m’ont enrichie, aidée ; ils m’ont donné des bases solides en philosophie et théologie, bien utiles pour lire les Pères de l’Église et pour progresser ensuite.
C’est donc un MERCI que j’adresse de tout cœur au Centre d’Études Religieuses.

Père Richard Corbon (promotion 1967)
religieux de St-Vincent de Paul

Dans les années 1967-70, je réfléchissais sur ma vocation, durant mes études de droit à Assas (Paris-II). Ayant su, par un camarade de faculté, l’existence du Centre d’Études Religieuses, je m’y suis inscrit volontiers.
Dans le contexte troublé de ces années de « contestations », les cours dispensés par Jean Daujat me furent d’un précieux secours. Il me fut donné de voir un laïc engagé sur un chemin étroit, celui de la doctrine catholique, comme nourriture indispensable pour un témoignage solide et serein, face à un monde désenchanté et déboussolé.
J’avais apprécié alors, particulièrement, le cours de philosophie, de morale sociale et ceux sur le marxisme. Par la suite, durant mon apostolat auprès des jeunes, quelques années après mon ordination, ces points de repère, clairs et bien charpentés,me furent toujours très utiles.
C’est dire toute la gratitude que je dois à ce Centre d’Études Religieuses

Père Jacques Germaix, promotion 1967
religieux de St-Vincent de Paul,
vicaire à Notre-Dame de la Salette (Paris)

Le Centre d’Études Religieuses a joué un rôle déterminant dans ma vie, et cela à un double titre.
Tout d’abord, les cours de Jean Daujat correspondaient parfaitement au besoin que je ressentais à l’âge de 20 ans de recevoir une formation doctrinale solide, pleinement fidèle à l’enseignement de l’Église. Cette formation à la fois doctrinale et spirituelle nous a beaucoup aidés à garder le cap face à toutes les contestations d’esprit révolutionnaire qui imprégnaient la société et la vie de l’Église vers la fin des années 60 (j’ai suivi les cours du CER de 1967 à 1970).
Ce que j’ai reçu durant ces trois années ne peut pas s’effacer et m’a été fort utile aussi bien durant mes études au séminaire que par la suite tout au long de mon ministère.
Par ailleurs, la Providence veillait, qui « nous conduit par des voies qui ne sont pas les nôtres », car c’est à l’occasion du cours du C.E.R. que j’ai fait la connaissance d’élèves paroissiennes de Notre-Dame de La Salette, dans le 15e à Paris. Devenues des amies, elles m’ont fait connaître les Religieux de St Vincent de Paul, à qui cette paroisse est confiée. Ayant découvert les œuvres de cette petite congrégation, notamment l’œuvre des Patronages, j’ai entendu l’appel du Seigneur à ma consacrer à Lui dans cette famille religieuse « voué à l’évangélisation des petits et des pauvres ».
Je m’unis à l’action de grâce de tous les anciens élèves pour qui le C.E.R. a été une aide précieuse et décisive sur le chemin de leur rencontre avec le Christ, lumière de notre vie

Une moniale dominicaine (promotion 1968)

Le Centre d’Études Religieuse a été la grande lumière quand j’avais perdu toute espérance. C’était en 1967 ou 68 que j’ai été emmenée par mon frère qui se préparait à entrer dans un monastère. J’y suis allée de bon cœur car j’aimais connaître et j’étais habituée des cours et des « amphis », et j’ai tout découvert : la philosophie de l’être, la doctrine et l’amour de l’Église, la connaissance bien objective des textes et de la liturgie de Vatican II. Il n’y avait ni prosélytisme, simplement ce qui est, ce qui est vrai, et j’ai gardé la foi dans les années 70. J’ai aussi découvert en le vivant à travers les réunions promenades annuelles, la vie familiale toute simple et chrétienne, l’amour de la vie sacramentelle.
Ici, j’ai retrouvé les cours de monsieur Daujat et je les relis souvent parce que c’est une bonne grammaire pour entrer dans la philosophie de saint Thomas.

Père Jacques-Marie GUILMARD (promotion 1968)
o. s. b. moine à Solesmes

J’ai connu Jean Daujat à la fin de ma jeunesse. Une sœur aînée m’a emmené à ses conférences qui, si je ne me trompe, avaient lieu dans le 17e arrondissement de Paris. Je n’en n’ai pas d’autres souvenirs.
Après ma conversion à la Noël 1967, je me suis inscrit au cycle de trois ans commençant à la rentrée scolaire suivante. Les cours avaient lieu à l’Institut Catholique de Paris. J’étais élève à l’ENSET, dans la banlieue sud, et poursuivais la maîtrise de mathématiques à la faculté d’Orsay. Je venais aux cours de Daujat à mobylette, en apportant un gros magnétophone pour enregistrer les conférences : l’appareil était suspendu à mon cou et reposait sur mes genoux pendant le voyage. Très vite, j’ai reconnu parmi les élèves un condisciple de la faculté d’Orsay, qui avait probablement connu l’existence des cours par les tracts que j’avais distribués. Lui et moi avons lié une amitié qui dure encore. En 1970, nous sommes allés tous les deux à Solesmes pour une retraite. C’est là que je suis devenu moine en 1973. Cet ami a fait de même en 1978. Il y a quelques années, nous étions à Solesmes cinq ou six anciens élèves de Daujat.
Les cours étaient précédés par un enseignement spirituel qui m’a beaucoup marqué. En réalité, durant mon noviciat, le Maître des novices n’a fait que répéter et approfondir ce que j’avais reçu de Daujat. Ainsi, c’est à Jean Daujat que je dois les fondements de ma vie spirituelle. C’est à lui aussi que je dois le goût de la messe quotidienne. L’influence des cours sur moi fut moins nette, en ce sens que le cursus de théologie que j’ai suivi à Solesmes était beaucoup plus fouillé. Il reste que les deux enseignements de Daujat et de Solesmes allaient exactement dans le même sens

Père Jacques de Lillers, promotion 1968
o.s.b. moine à Notre-Dame de Triors

J’ai fait la connaissance de Jean Daujat il y a juste quarante ans, exactement en octobre 1968, année fatidique. Les événements de mai avaient réactivé en moi le sens catholique et, après une retraite ignacienne avec les Pères CPCR à Wissous, je m’étais enfin décidé à suivre une vocation qui me tenait au corps depuis une douzaine d’années. Les anciens retraitants des Pères Coopérateurs n’étaient pas complètement laissés à eux-mêmes et les cours du regretté Maître faisaient partie du cycle de persévérance : du coup, je m’y inscrivais, tout comme je faisais la connaissance de Mr l’Abbé Guérin, alors sous-directeur de l’Œuvre d’Orient, qui devait devenir mon directeur spirituel, et qui animait une messe hebdomadaire, toujours pour les anciens retraitants. Vous savez que, bien des années plus tard, il devait fonder le séminaire de Voltri et la Communauté Saint-Martin. À l’époque, comme vous pouvez le constater par ce babil, il n’y avait pas de chapelles et les « charismes » respectifs s’harmonisaient sans heurts, chacun apportant ses richesses. J’ai donc appris beaucoup de Jean Daujat ; et, tout à la fois, de celui qui devait devenir Mgr Guérin.
Ma formation première était scientifique pour une large part ; et plus encore pour le goût, même si j’oscillais entre l’ethno-anthropologie, l’anthropologie préhistorique et la physique. Pratiquement, c’était la physique qui avait jusqu’alors fait l’objet de mes études universitaires et je me trouvais en troisième cycle de physique du solide (Orsay-Paris). Ce n’était pas de la physique selon mon goût ; une sorte d’aberration de l’esprit m’avait fait annuler mon inscription en physique nucléaire : cas typique de conséquence d’une vocation religieuse contrariée. Quoi qu’il en soit, je raisonnais à coup de modèles mathématiques ; et, si je riais quelquefois d’un de mes vieux maîtres qui affirmait sans ambages : « Pour moi, l’électron c’est une équation » ; si, quant à la métaphysique, je faisais, pour plagier Mr Jourdain, « de la prose sans le savoir » ; si la retraite à Wissous m’avait replacé devant les grandes réalités de la vie, je considérais un peu les philosophes comme des farceurs et la philosophie comme un ramassis de boniments (il faut bien que jeunesse se passe !). Ce fut Jean Daujat qui m’introduisit réellement dans le mystère de l’être ; par son intermédiaire, je reçus une grâce dont je vis encore et qui fut comme un éblouissement pour l’Ipsum Esse Subsistens.
Je ne devais rester qu’un an au C.E.R. Abandonnant tout espoir de doctorat de troisième cycle, je fis l’année suivante mon service militaire, et, dans la foulée, entrai ensuite à l’Abbaye de Fontgombault. Ici permettez une parenthèse : mes changements d’adresse successifs furent uniquement la conséquence d’obédiences imposées : Gricigliano, puis Triors, dont je suis maintenant moine, étaient des fondations de Fontgombault. La première, où je fus envoyé dès le sacerdoce, ayant dû être fermé en 1990, je fus assigné à la seconde qui est devenu abbaye en 1994. Le regretté Maître fut un peu attristé de cet abandon brutal de ma part du cycle du C.E.R., mais il ne fut pas dû à ce que j’avais trouvé auprès de lui et, en particulier, à l’enseignement dont j’avais bénéficié. Simplement, j’étais comme poussé par une fusée intérieure qui ne m’a abandonné que lorsque je fus mis en orbite, soit dix ans après, en 1978, année qui fut pour moi celle du sacerdoce. Durant l’année 69, outre la philosophie que j’étudiais au C.E.R. (lisant aussi Gilson et Maritain), je m’initiais à la doctrine sociale de l’Église (deuxième année du cycle d’études) et étudiais de très près La vie surnaturelle, qui était le livre couvrant la troisième année. Ainsi ma formation « Daujat », pour raccourcie qu’elle ait été, n’en a pas moins été quasi-complète. Elle devait me servir beaucoup dans les études de philosophie et théologie qu’il m’a fallu absorber pour recevoir l’ordination sacerdotale. Parallèlement, le mot spirituel au début de chaque cours, les récollections (etc.), m’ont aidé à ne pas tourner en rond « comme un protozoaire dans une boîte » selon la formule vengeresse de ma mère.
Le programme des trois années d’études et l’esprit des cours m’a toujours semblé particulièrement réussi. Il n’est pas utile de noyer dans une érudition de détail un auditoire qui vient de tous les horizons pour boire à la source vive de la doctrine catholique. La foi de l’Église repose sur un ensemble de certitudes, soit de raison, soit de foi, et c’est celles-ci qu’il convient de mettre en lumière le plus fortement possible afin d’asseoir des convictions solides qui pourront être précisées par la suite. C’est faire ainsi un travail complémentaire de l’enseignement proprement catéchétique (même celui du Catéchisme de l’Église Catholique) ; un travail qui est aussi un préliminaire nécessaire à des études plus approfondies lesquelles, s’il fait défaut, ne se feront pas sans risque pour l’équilibre chrétien et catholique de la pensée. Cela, le C.E.R. le dispensait du temps de Jean Daujat et je veux croire qu’il en est toujours ainsi. L’Aquinate était, bien sûr, au cœur de l’enseignement donné, mais dans les grandes intuitions qui gouvernent sa synthèse plutôt que dans l’esprit un peu tatillon qui caractérise bien des travaux modernes le concernant et qui n’aident pas toujours à la comprendre sans le déformer – et, dans la foulée, sans déformer la pensée de l’Église. Là-dessus, je pourrais donner des exemples mettant en cause des gens de grand mérite ; mais de ce travers, avec la grâce du bon Dieu, le cher Jean Daujat m’a préservé. Maintenant c’est à mon tour d’enseigner à ma petite mesure, et je garde présent à l’esprit les leçons du cher Maître et sa façon de se recueillir en fermant les yeux tout en levant la tête avant d’aborder un nouveau point de la question en cours.

Père François-Jérôme Leroy (promotion 1970)
Père du foyer de Charité de Baye

Je suis né dans une famille catholique pratiquante, et j’ai bénéficié chez les frères des Écoles chrétiennes pendant 10 ans d’un apport non négligeable et d’une catéchèse à l’époque encore honorable ; j’ai eu aussi la chance d’être scout. C’est en préparation aux grandes écoles scientifiques que, entraîné par un ami, je suivis les cours de Jean Daujat à l’Institut Catholique de Paris. Cela s’est fait non sans mal, et j’ai dû m’y reprendre à deux fois pour faire la première année de philosophie, sur 2 ans. J’ai poursuivi jusqu’au bout, avec la deuxième année et la troisième année de théologie. J’ai beaucoup apprécié cet enseignement, surtout lorsque j’ai pu bénéficier de travaux dirigés (si l’on peut dire) avec un ancien élève. J’ai même demandé, avec une certaine naïveté, s’il y avait des examens de fin d’année ! J’ai suivi ces cours avec un ami (avec lequel j’étais à la fois en classes préparatoires et à l’École Centrale) dans la fin des années 1960, étant en préparation de 1964 à 1967 et ensuite à l’École Centrale Paris de 1967 à 1970. Cette formation a été importante aussi pour la suite de mon cheminement : en effet j’ai profité de mes premières vacances salariées, commençant à travailler chez Renault en 1970, pour aller pour la première fois durant l’été 1971 en Terre Sainte en pèlerinage organisé par le Sacré-Cœur de Montmartre. C’est là où j’ai commencé à comprendre que la perspective d’une vocation sacerdotale n’était pas une « tuile » ennuyeuse, mais une grâce extraordinaire !
La découverte du pays de Jésus et de la Bible, en pèlerinage, dans un groupe de jeunes étudiants, m’a puissamment aidé pour cette prise de conscience de l’amitié de Jésus. Il a encore fallu que je trouve un père spirituel qui m’aide, j’eus cette chance avec Mgr Maxime Charles, recteur du Sacré-Cœur. En 1974, sur son conseil, je suis entré au séminaire universitaire de l’Institut Catholique de Paris (dit séminaire des Carmes) pour le diocèse de Paris, tout en gardant le contact avec lui.
La formation avec le C.E.R. fut d’autant plus appréciable que dans ce séminaire universitaire, après les années 1968, les cours reçus laissaient à désirer quant à la formation solide que l’Église recommande avec st Thomas d’Aquin. Grâce à Jean Daujat, au cardinal Jean-Marie Lustiger, au pape Jean-Paul II entre autres, je pense que la situation de l’Eglise est bien meilleure aujourd’hui et j’en rends grâce à Dieu. Merci à Claude Paulot d’avoir relevé le défi de la relève pour cette formation solide qui est indispensable, pas moins aujourd’hui qu’hier ; je ne manque pas à l’occasion de conseiller cette formation à ceux qui peuvent y accéder facilement dans la région parisienne et je reviendrai avec joie prêcher une récollection pendant le prochain Carême le dimanche 15 mars 2009. Je rends grâce à Dieu pour ce défi de la collaboration entre prêtres et laïcs (fortement recommandée par le Concile Vatican II) dans lequel Jean Daujat fut un pionnier.
Rentré au séminaire des Carmes en 1974 je découvris en 1976 un autre trésor, celui des Foyers de Charité, me rendant pendant l’été pour la première fois en retraite avec le père Finet à Châteauneuf de Galaure, et je suis allé voir Marthe Robin. En 1978, le séminaire me demanda de m’orienter plutôt du côté des religieux. C’est alors que j’ai passé l’année 1978/1979 en stage à l’école de garçons de St Bonnet de Galaure, découvrant les foyers de charité de l’intérieur, faisant de la surveillance, du voiturage, du secrétariat, de la catéchèse, démarrant un groupe de Légion de Marie junior avec l’aide de Marthe Robin ! Vers le printemps, le père Paul Eberhard est passé pour parler aux Terminales de la petite communauté sacerdotale ND de la Sagesse fondée par lui vers 1970... dans laquelle je suis entré. J’ai fini ma formation en Suisse, à Fribourg, bénéficiant d’un corps professoral de dominicains remarquables : M.D. Philippe, C. Spicq, S. Pinckaers, J.H. Nicolas, D. Barthélémy, G. Bedouelle, etc... Ordonné prêtre le 7 octobre 1981, j’eus ensuite la chance d’être 13 ans chapelain au Sacré-Cœur de Montmartre, puis 2 ans curé dans le diocèse de Rouen avec un de mes confrères de « ND de la Sagesse » pour enfin devenir père du foyer de charité de Baye en 1998. L’Esprit Saint relève dans les Foyers de Charité, de Lumière de Charité et d’Amour le défi de cette collaboration prêtres et laïcs... et de la formation théologique solide, d’une autre manière que le C.E.R. Le père Finet parlait de « séminaires pour laïcs » à propos des retraites fondamentales (appelées auparavant retraites de chrétienté) de 6 jours dans les Foyers de Charité, dans un contexte d’accueil familial confortable. Jean Daujat relevait lui-même ce défi de la spiritualité et de la théologie dans ses cours, n’avons-nous pas le même défi à relever, autrement ? Nos retraites ne sont pas de simples retraites de prière, mais sont aussi des retraites d’enseignement durant lesquelles est présentée une synthèse de la foi catholique, dans toute sa beauté. Et tous ceux qui cherchent la vérité sur Dieu sont les bienvenus, catholiques ou pas... Je pense qu’il y a entre la formation à long terme dans le C.E.R. et cette formation concentrée pendant 6 jours une complémentarité très heureuse, sans oublier ce qui peut se faire dans chaque diocèse, dans chaque paroisse.
Dieu soit béni pour le « printemps » que l’Église connaît, la réalisation de cette nouvelle Pentecôte qu’annonçait Marthe au père Finet dès 1936 !
Voilà mon témoignage personnel : le Seigneur écrit droit en lignes courbes, et je vous remercie pour cette occasion de « relire » Son accompagnement fidèle tout au long de la vie. Puisse ce témoignage aider des jeunes à Lui faire confiance pour réussir, avec Lui, leur vie : cela passe si vite, une vie !

Mgr Patrick Le Gal, (promotion 1972)
évêque aux armées

A l’été 1972, j’avais suivi une première « retraite de chrétienté » au Foyer de Charité de Châteauneuf de Galaure sous la houlette du Père Finet. Ses enseignements offraient comme une fresque d’une grande cohérence et très éclairante de l’ensemble de la doctrine chrétienne. Restaient cependant beaucoup de questions en suspens. C’est ce qui me conduisit à suivre les cours du Centre d’Etudes Religieuses (de 72 à 75) qu’un frère et un oncle avaient déjà suivis et m’avaient fait connaître.
D’emblée j’appréciais le lien qu’opérait Jean Daujat entre « Vivre le christianisme » et « Connaître le christianisme », à travers le quart d’heure de spiritualité qui ouvrait chaque cours. Évidemment, le commentaire du « felix culpa » de l’Exultet pascal, qui intervenait -si je me souviens bien- au second cours était un moment particulièrement attendu et je suppose que, chaque fois, l’assistance se demandait si Jean Daujat, pris par une sorte d’extase, n’allait pas être happé directement par le ciel au terme de ce témoignage de foi étonnant ! L’enseignement sur l’appel à la sainteté me laissa aussi une forte impression et je m’en souvins quand, plus tard, je découvris le chapitre 5 de la Constitution Conciliaire Lumen Gentium sur l’appel universel à la Sainteté.
Certains élèves trouvaient un peu austère l’enseignement ex cathedra sur des sujets eux-mêmes difficiles et très condensés, notamment la première année avec l’introduction philosophique. Visiblement, les prétentions pseudo-pédagogiques de mai 1968 n’avaient pas ébranlé l’autorité doctrinale de Jean Daujat : il nous nourrissait de la viande serrée de la pure doctrine, plutôt que de nous servir une soupe sans consistance faites d’échanges et d’hypothèses vagues, et je lui reste très reconnaissant de cet enseignement exigeant mais formateur.
A vrai dire, j’avais la chance de ne pas suivre ces cours seul. Un ami, qui avait intégré la même « grande école », m’accompagnait. Nous nous encouragions l’un l’autre. Bien plus, nous redonnions, mois après mois, un écho des cours entendus à un petit groupe d’élèves de la même école qui partageaient notre recherche et notre intérêt pour approfondir notre foi. Cela nous obligeait à retravailler les cours, à faire quelques lectures complémentaires (« Y a-t-il une vérité ? » n’était pas, alors, paru, mais « La vie surnaturelle » et « L’ordre social chrétien » étaient déjà disponibles). Quand, plus tard, j’eus la chance de pouvoir suivre un enseignement universitaire approfondi en philosophie, puis en théologie, je pris davantage conscience du bienfait des « cours de Daujat » -comme nous disions- qui m’avaient donné un cadre précis et une introduction qui préparaient et facilitaient cette nouvelle étape de formation.
Il faudrait aussi évoquer l’utile complément qu’apportaient la proposition de récollections annuelles, pour les élèves et les anciens élèves du Centre d’Études Religieuses, et les fameuses journées de campagne, qui permettaient de tisser quelques liens avec d’autres élèves.
En 74, il y eut ainsi une journée sur les pas de Péguy, avec la lecture de quelques extraits de ses plus célèbres poésies. Je garde en mémoire les déclamations solennelles et vibrantes, par Jean Daujat, de ces vers -que je découvrais alors-, en la collégiale de Dammartin-en-Goële, puis au lieu où Péguy était tombé 60 ans plus tôt : « heureux ceux qui sont morts pour la terre charnelle ... »
Apparaissait là toute l’ouverture culturelle de Jean Daujat, ami des arts et des lettres, dont témoignaient aussi les comptes-rendus présentés dans le Bulletin.
Certes, ce que je retiens d’abord de ces trois années de cours au C.E.R., c’est sans doute la force du témoignage, la conviction de foi et d’attachement à l’Église, la qualité du professeur se centrant sur l’essentiel. Mais tout cela s’éclairait d’un véritable humanisme chrétien projetant une lumière sur ce qui n’était plus seulement un groupe d’étudiants, mais déjà quelque peu une famille spirituelle.

Père Bernard de la Borderie (promotion 1972)
o. s. b. moine à St-Benoit de Palendrini (Lituanie)

C’est, entraîné par un ami, que j’ai été amené à suivre les cours de Jean Daujat. C’était à l’automne 1972. Peu de temps après, je fis une retraite dans un Foyer de Charité (Chateauneuf-de-Galaure). Là j’eus la claire conscience d’un appel de Dieu à lui consacrer le reste de ma vie.
Ainsi les cours du C.E.R. devenaient une lointaine préparation aux études de philosophie et de théologie que je devais faire par la suite. J’ajoute que l’enseignement spirituel que Jean Daujat nous apportait au début de chaque cours fut pour moi un réel stimulant.
Jean Daujat me fit prendre de plus en plus conscience 1°) que vie chrétienne et vie profane ne sont pas deux réalités juxtaposées. 2°) que foi et raison ne s’opposent pas, et qu’à un certain niveau d’études profanes doit correspondre un niveau de connaissance et d’intelligence de la foi. Tandis que l’Église traversait les turbulences des années post-conciliaires et post-soixanthuitardes, le C.E.R. m’a certainement aidé à fixer des repères pour mon intelligence et pour ma foi.
Au terme de mon service militaire, j’entrai au noviciat de Solesmes à l’automne 1976. En 1981 je m’engageai définitivement dans la vie monastique et fus ordonné prêtre en 1986. Je revins alors au noviciat pour quelques années pour collaborer à la formation des plus jeunes. Je fus ensuite appelé à travailler à l’infirmerie du monastère.
Au début de l’année 1997 je fus un des douze moines désignés par le Père Abbé pour participer à la fondation d’un monastère en Lituanie. J’acceptai avec joie cette marque de confiance. Le groupe arriva en Lituanie au printemps de 1998. La vie monastique commença dans une maison qui est maintenant réservée à l’accueil des hôtes (hommes, femmes, petits groupes) ; à 300 m de là, sur un terrain de 70 ha, on construisit un monastère où nous nous sommes installés à l’automne de 2001.
Le service de la prière et spécialement de la prière liturgique demeure notre premier engagement. En lien avec cet apostolat de la prière nous publions pour la quatrième année consécutive un missel des dimanches en lituanien. Auparavant il n’existait pas de missel pour les fidèles.
Après la période d’adaptation et, en particulier, d’apprentissage de la difficile langue lituanienne nous portons notre effort sur la formation des jeunes moines. le dernier des quatre frères lituaniens que compte la communauté est entré au noviciat en 2001. Il poursuit ses études de théologie par correspondance et en suivant régulièrement des sessions dans des monastères francophones, dans le cadre du S.T.I.M. (Studium Inter-monastique).
L’accueil des hôtes et des personnes de passage venus pour participer à la liturgie, est aussi un élément important dans la vie de la communauté.
Dix ans après notre arrivée en Lituanie, les conditions de vie dans le pays ont considérablement changé. Le temps parait lointain où de jeunes lituaniens venaient frapper à la porte de l’abbaye de Solesmes pour devenir moines. Cela se passait au début des années 1990. Les jeunes lituaniens d’aujourd’hui ont grandi dans un pays libre. Ils n’ont pas, comme leurs aînés, participé à l’élan spirituel qui accompagna l’accès de la Lituanie à l’indépendance (1991). Ils respirent à pleins poumons l’air de la société de consommation et des plaisirs faciles. Cela explique, au moins en partie, la baisse générale des vocations ici aussi, qui touche particulièrement notre monastère.
Nous essayons de vivre cette épreuve comme un temps de purification, une invitation à plus de fidélité à notre vocation monastique, et nous remercions le Seigneur pour les nombreuses grâces reçues ici au cours de ces dix années.

Une bénédictine d’Argentan, promotion 1973

Je suis la quatrième fille d’une famille de six enfants. Maman était croyante et pratiquait. Papa était beaucoup plus réservé sur le plan religieux mais il laissait Maman libre. Aussi avons-nous tous été baptisés et catéchisés. Je signale tout de suite que Papa, impressionnée par l’exemple de son épouse, viendra petit à petit à une pratique régulière, allant jusqu’à demander le sacrement de la confirmation qu’il reçut dans notre église abbatiale à l’âge de 72 ans !
À l’âge de 18 ans, je partis un an aux USA, dans un campus universitaire de la Caroline du Nord : c’était en septembre 1968 ! Cette séparation du milieu familial, jointe à l’ambiance délétère des années 68, me fit prendre beaucoup de distance par rapport à la foi que je laissai peu à peu tomber. Je crois que ce qui me sauva du précipice où je m’apprêtais à tomber, c’est un amour passionné pour la vérité. Je disais volontiers à cette époque-là que peu m’importait d’être heureuse ou malheureuse, mais que l’essentiel pour moi était de trouver la Vérité. J’écris ce mot avec un « V » majuscule car, de fait, je l’imaginais un peu à la manière d’une Idée platonicienne que j’allais rencontrer un jour ou l’autre. Et au fond je ne me trompais pas tellement car effectivement je l’ai rencontrée en la Personne de Jésus si ce n’est que le Verbe Incarné est beaucoup plus qu’une Idée. Mais j’étais loin de m’en douter à l’époque. Pour trouver cette fameuse « Vérité », j’avais décidé d’entreprendre, au sortir du bac, une licence de philosophie et, en même temps, une licence de mathématiques. Il me semblait que ces deux domaines étaient de nature à pouvoir conduire à la « Vérité ». Mais mon voyage aux Etats-Unis, qui se situe entre le bac et ma première année universitaire, m’avait rendue plus réaliste, plus près de la vie concrète et je réalisai qu’il était difficile de faire en même temps une licence de philo et une licence de maths, surtout à Nice où j’habitais et où les deux facultés étaient aux antipodes l’une de l’autre. Un jour que je me baignais dans la Méditerranée, je rencontrai une ancienne camarade de lycée. Je lui demandai :
- Que fais-tu comme études ?
-Des études de Science Economique ;
- C’est intéressant ?
- Très
-Bon, eh bien, c’est çà que je vais faire.
J’entrepris donc une licence de science économique à Nice et une maîtrise à Paris. Et bien m’en a pris car j’y rencontrai un groupe de jeunes chrétiens qui me rapprocha de la foi de mon enfance et notamment une certaine Bernadette, fille très profondément religieuse, qui devint ma grande amie et dont je suivis tout le cheminement jusqu’à son entrée chez les Bénédictines d’Argentan et que je rejoignis un an plus tard.
Pour ce qui est de ce que le Centre d’Études Religieuses m’a apporté vous le devinez aisément. C’est pendant mon année de maîtrise à Paris que je le rencontrai. Il m’aida à assouvir cette soif de connaissance et de vérité que mon intelligence ressentait depuis mon adolescence et il l’orienta, de façon décisive, vers la philosophie aristotélicienne et la pensée de Saint Thomas qui l’ont toujours comblée. Une fois entrée au monastère, notre Mère Abbesse me demanda de compléter ma formation philosophique grâce à des cours par correspondance avec l’IPC. Et c’est ainsi que j’ai pu enseigner la philosophie aux jeunes Mères de la Communauté pendant 12 ans puis la théologie à toute la Communauté pendant 8 ans. Actuellement j’enseigne encore la théologie au noviciat et je ne cesse de lire et d’étudier cette matière pour mon propre plaisir. Comme quoi le Saint Père Benoît XVI a bien raison quand il dit : N’ayez pas peur de vous donner au Seigneur ; il n’enlève rien et il donne tout.

Mgr Jean-Pierre BATUT (promotion 1973)
évêque auxiliaire de Lyon

Pour introduire le récit de sa conversion, Paul Claudel parle de « ces tristes années quatre-vingts, [où] jamais le joug de la matière ne parut mieux affermi ». J’aurais envie, pour ma part, de dire, à un siècle de distance : « ces tristes années soixante-dix ».
Oui, elles étaient bien tristes, ces années soixante-dix marquées dans l’Église par un après-concile donnant l’impression d’une véritable « décomposition du catholicisme » (L. Bouyer), et dans la société par les débuts d’une crise nihiliste sans précédent, dont nous sommes très loin d’être encore sortis.
C’est alors que le tout jeune étudiant que j’étais tomba sur une affiche du Centre d’Études Religieuses. Je n’avais jamais entendu parler de Jean Daujat, et encore moins, dans mon année de Terminale, de son maître Jacques Maritain. Mais j’écoutai le premier avec le sentiment paradoxal de pouvoir m’alimenter à la source d’une tradition aussi ancienne que l’Église, et d’entendre enfin du nouveau dans un monde où tous ressassaient les mêmes poncifs. Quant au second, désireux d’en savoir davantage, je me lançai dans la lecture de quelques-uns de ses ouvrages, qui me poussèrent vers saint Thomas et bien d’autres auteurs encore.
Je ne peux dire que le désir d’être prêtre a grandi en moi à la faveur des enseignements de Jean Daujat : il a grandi tout simplement au contact de prêtres, dont la belle figure sacerdotale éclaire toujours ma vie. Mais il se trouve que la question de devenir prêtre s’est posée pour moi au moment même où j’étais élève de Jean Daujat, et la nourriture que ses cours apportaient à mon intelligence a fait grandir ma foi et soutenu sans nul doute ma vocation naissante.
Je lui en serai toujours reconnaissant et, pour cette raison, je souhaite le plus bel avenir à l’œuvre qu’il a fondée.

Sœur Marie-Noyale o.p.
dominicaine du Saint-Esprit
(Marie-Annick LE FLOCH, promotion 1974)

Je ne puis laisser sans réponse l’invitation reçue à partager avec tous ceux qui liront ce bulletin la joie d’avoir répondu à l’appel de Dieu et à « témoigner en particulier sur ce que les cours du Centre d’Études Religieuses vous ont » –m’ont- « apporté ». Ces lignes seront en même temps l’expression de ma reconnaissance.

Je venais de passer mon baccalauréat (C à l’époque – juin 1973) dans un lycée parisien du nom prestigieux d’Henri Bergson dont j’ignorais alors la grandeur intellectuelle et morale dans sa quête de la vérité. Il ne représentait pour moi que les bâtiments d’un lycée de deux mille élèves où enseignaient de nombreux professeurs compétents et consciencieux mais où le souffle destructeur de mai 1968 s’était déjà bien engouffré. J’y ai connu en 1967 la dernière « distribution des prix » officielle et solennelle à la Mairie de l’arrondissement, les derniers « tableaux d’honneur trimestriels », les dernières fêtes de « la Saint-Charlemagne » en janvier, qui réunissait pour un goûter sympathique les élèves qui avaient mérité « les Félicitations » ou « les Encouragements » sur leur bulletin du premier trimestre. Puis ce fut l’époque des « délégués de classe » qui assistèrent aux conseils de classe à côté des professeurs, l’époque des « Meetings » et des « Seetings », l’époque des « pétitions » en tous genres. L’irrespirable atmosphère « neutre » asphyxiait spirituellement ceux qui n’avaient pas la grâce de pouvoir s’oxygéner dans la Foi, en d’autres lieux.
En section scientifique, la philosophie était considérée par nombre de lycéens comme discipline de seconde importance mais les élèves étaient travailleurs et c’était là une réelle supériorité de la section C. On y chahutait rarement. Cependant la studiosité des cours de philosophie se ressentait un peu de ce manque d’enthousiasme à son égard. Ce fut l’effondrement quand notre professeur déclara lui-même dès les premiers cours son intention anti-religieuse : « Est-ce qu’il y a des élèves qui croient en Dieu parmi vous ? » Plusieurs d’entre nous levèrent la main : des catholiques et aussi plusieurs juifs pratiquants qui étaient nombreux dans ce lycée. Nous nous entendîmes dire qu’à la fin de l’année nous aurions perdu nos convictions. Il y eut des plaintes de parents d’élèves. Le professeur d’ailleurs, dont l’allure et le comportement suffisaient à discréditer ses leçons, fit une sorte de crise nerveuse pendant l’un de nos cours. Nous ne le revîmes pas et nous eûmes plusieurs remplaçants successifs inexpérimentés pour terminer l’année. Autant vous avouer que je n’ai rien retenu du contenu de ces heures sinon l’importance du « mythe de la caverne » chez Platon et le nom d’Auguste Comte et son « positivisme ». Nous nous demandions, mes camarades et moi, comment nous pourrions aborder l’épreuve du baccalauréat qui avait encore une réelle consistance. Je me rappelle avoir pris le sujet de dissertation sur la liberté et l’avoir traité avec tout le bon sens et les références d’auteurs que je pouvais trouver dans mes connaissances non philosophiques d’alors. Et je m’en tirai –je m’en souviens encore, car c’était toute mon ambition- avec un 10 !
J’hésitai à m’engager dans des études de médecine vers lesquelles mon père inclinait. Elles étaient longues et je pressentais que la formation purement médicale (biologie, technique...) ne suffisait pas pour faire un bon médecin. Il y fallait une vraie formation humaine et morale. Je me sentais trop jeune, trop peu armée intellectuellement pour affronter et résoudre les cas de conscience que j’entrevoyais et les combats à mener pour la défense et le respect de la vie. D’autre part, je me sentais attirée vers l’enseignement et vers la vocation. Le jour où j’allai constituer mon dossier, encore hésitante, rue Saint-André des Arts, pour l’entrée en faculté de médecine, était le jour même de la clôture des inscriptions. Et j’arrivai trop tard. J’allai donc, le cœur finalement soulagé, m’inscrire à la faculté Paris VI de Jussieu pour y entreprendre des études de mathématiques et sciences physiques, plus courtes et plus en rapport avec les perspectives de Dieu. (Le professeur Lejeune y avait encore un bureau et un cours, je crois).
Je mesurais, dès la première année, l’austérité de l’emploi du temps ne comportant plus que des cours scientifiques, réclamant concentration et abstraction. Mais c’était sans regret. Un cours de chimie atomique et une U.V. (= Unité de Valeur) sur l’histoire de l’astronomie me captivèrent et j’en garde depuis lors un inépuisable sentiment d’émerveillement pour l’œuvre de la Création. Les étudiants étaient dans l’ensemble motivés, studieux, cependant c’était l’anonymat presque complet et les conversations ne quittaient que rarement la banalité, se réduisant à quelques échanges de mots (ou de calculs !). Pour équilibrer cette formation trop exclusive, j’éprouvais le besoin profond et urgent de m’ouvrir à la vraie philosophie, ou, si vous voulez, à la philosophie du vrai. Car mon esprit n’était sur ce plan que vide, et donc que soif. Si l’esprit se nourrit de vérité, et certes «(a+b)²= a²+2ab+b²» en est une respectable et utile, il aspire « à la Vérité toute entière » (St Jean XVI /13), à la vérité philosophique, à la vérité théologique, au Dieu-Vérité. Je voulais pouvoir accorder en moi raison et foi, et suivre l’exhortation de Saint Pierre d’être « toujours prêts à la défense contre quiconque vous demande raison de l’espérance qui est en vous » (I Pierre III / 15).
C’est alors qu’une amie, ancienne élève et institutrice de l’école Saint-Pie X tenue par les Dominicaines du Saint-Esprit à Saint-Cloud, avec qui je faisais du scoutisme, me suggéra de suivre avec elle les cours de Jean Daujat. Je me laissais volontiers entraîner à la « Catho. », le samedi après-midi chaque quinzaine. Ce fut pour moi profondément formateur. J’assistais à un magnifique cours « magistral ». L’assistance était extrêmement diversifiée (générations, horizons culturels, milieux, motivations...) et était par elle-même la preuve tangible de l’universalité de la vérité. Dans l’amphithéâtre, il y avait un silence et une écoute remarquables. Personne n’aurait eu l’idée d’interrompre Jean Daujat. La première vérité pratique enseignée était que « pour apprendre, il faut savoir se taire » et j’imaginais un peu ce qu’avaient pu être les cours magistraux de saint Thomas d’Aquin à l’Université de Paris au temps où elle fut fondée par l’Église en entendant l’un de ses disciples du XXe siècle. Le cours était très construit, très clair. La parole de Jean Daujat était d’un débit assez tranquille pour qu’on puisse suivre sa pensée sans effort excessif. On sentait le silence de la salle bien vivant, rempli des réflexions intérieures des auditeurs. Il y avait une activité intellectuelle paisible, ordonnée. Tous les assistants, du reste, avaient choisi d’être là, librement, par intérêt, gratuitement. Il n’y avait que des « élèves » volontaires. je pense que Jean Daujat a pu goûter là l’une des plus pures joies d’un professeur. Il la méritait bien, car son dévouement à son œuvre était sans faille. Au début des cours, il répondait aux questions écrites sur des billets, que certains d’entre nous déposaient sur son bureau. C’était rapide. Les questions étant anonymes, il n’y avait que rarement de dialogues à ce moment là : c’était une façon de respecter et d’épargner le temps de chacun et de tenir un programme de cours bien chronométrés. Ceux qui voulaient pouvaient toujours converser avec Jean Daujat et sa femme à la sortie. Une fois ou l’autre je les ai salués, mais je regrette maintenant de ne pas les avoir connus davantage. J’aurais aimé parler de l’esprit scientifique puisque Jean Daujat avait en ce domaine une haute compétence, parler de Jacques Maritain qu’il avait bien connu, parler d’art avec madame Daujat parce qu’elle peignait admirablement. J’ai su un jour qu’ils n’avaient pas eu d’enfants et j’ai compris que Dieu leur avait réservé à travers cette épreuve une magnifique fécondité : il suffisait de voir la salle de cours se vider au milieu d’un joyeux brouhaha. C’était leur « famille » élargie. Je crois qu’ils invitaient parfois des élèves à leur table. Si j’avais

Père Bruno Lefèvre-Pontalis (promotion 1975)
curé de Saint-Léon (Paris)

Ma participation au Centre d’Études Religieuses avec Jean Daujat, lorsque j’étais jeune étudiant, fut certainement un élément important de ma formation et de la construction de ma vie chrétienne et spirituelle.
Jean Daujat m’a appris à investir mon intelligence dans la recherche de la Vérité et du Bien. Des bases solides ont assurément été posées à ce moment là qui auront certainement contribué au discernement de ma vocation de prêtre, quelques années plus tard.
Bravo pour le beau travail que vous continuez d’accomplir dans la fidélité à l’intuition du fondateur. La formation demeurera toujours d’une importance capitale pour les fidèles chrétiens

Une Servante des Pauvres, promotion 1976
Congrégation des Servantes des Pauvres
www.servantesdespauvres-osb.org

Ma vocation a commencé par une rencontre : sur les bancs de la faculté, une étudiante chrétienne est venue un jour vers moi, et nous avons lié connaissance. Quelques temps après, je lui ai fait part de mon désir de trouver un endroit où l’on chantait du Grégorien ; elle m’a alors parlé d’un prêtre qu’elle connaissait, aumônier d’une Communauté chrétienne d’étudiants, dans laquelle on chantait du Grégorien et dans laquelle – a-t’elle ajouté – « il y a beaucoup de vocations » : j’ai été irrésistiblement attirée. Cette amie m’y a emmenée, c’était le « viens et vois » de l’Evangile (Jn 1 v39 et 46) Je suis allée et j’ai vu : j’ai trouvé une communauté ecclésiale fraternelle, une vie liturgique, un pasteur allant à la rencontre des brebis qui faisaient un pas vers lui et plein de sollicitude pour elles, un enseignement de la foi, les moyens offerts pour une vie chrétienne –et en particulier sacramentelle- intense : confessions régulières et fréquentes, communion la plus fréquente possible (et le rythme ne tarda pas à devenir quotidien pour moi), récollections dominicales régulières ancrant fortement en nous le sens de la sanctification du Dimanche, pèlerinages d’été, de WE ou de petites vacances alliant le « temps fort » spirituel avec la vie fraternelle et la détente, rencontres des jeunes avec des Communautés religieuses. Dans le même temps, j’ai fait connaissance avec le CER où j’ai reçu un enseignement systématique et complet de la Foi chrétienne, avec la nécessaire formation philosophique de première année. Ce cours a ancré fortement en moi l’amour de la Doctrine, de son expression en des formules exactes, complètes, claires, concises et simples, qui apaisent et nourrissent l’intelligence et le cœur, tout en se fixant aisément dans la mémoire. Dans le sillage du CER, j’ai noué aussi des relations dans lesquelles s’alliaient, et le désir de connaître la Vérité et de grandir dans une formation chrétienne vraie et solide, et la joie de l’amitié : je garde une immense reconnaissance envers les amis qui ainsi, très simplement, m’ont tant aidée à cette période de ma vie.
En relisant par le souvenir tous ces évènements, je me rends compte que cette grâce inouïe de la vocation a pu aboutir et porter ses fruits en moi, parce que je me suis trouvée plongée dans un milieu très favorable tel que je l’ai décrit plus haut, parce que j’ai trouvé auprès du père le guide spirituel qui a su venir vers moi, comprendre les attentes que je ne savais pas expliciter, m’aider à discerner l’appel de dieu ainsi que le lieu où Dieu me voulait, m’en parler lui le premier et c’était au Nom du Seigneur ; tout cela dans un très grand respect de ma liberté qui est toujours restée entière. Ainsi la terre de mon cœur a été préparée à reconnaître et à accueillir la rencontre personnelle et directe avec le Christ, celle de l’appel décisif. Je sais maintenant, de science expérimentale, que cette grâce du « oui » je la dois à beaucoup de prière et de souffrance offertes et appliquées à moi dans le Mystère de la communion des saints, ce mystère où réside toute vraie fécondité spirituelle ; et le Seigneur me dit maintenant : « va, et toi aussi, fais de même ! »
Cela fait 30 ans que je suis entrée dans l’Institut religieux des Servantes des Pauvres, oblates bénédictines, qui soignent et servent chez eux les malades Pauvres, ces membres souffrants du Christ en lesquels à la fois Celui-ci se voile et se révèle ; et il me semble que c’était hier. Si c’était à refaire, je le referais sans l’ombre d’une hésitation. Au cours de ces 30 ans, j’ai rencontré aussi la Vierge Marie, et le chemin parcouru jusqu’à aujourd’hui c’est à elle que je le dois : son Cœur maternel, immaculé, est mon refuge dans les difficultés qui ne manquent jamais dans aucune vie chrétienne et religieuse. Ce Cœur est l’école où j’apprends la science suréminente de Jésus-Christ dans l’Écriture et où j’apprends le Bel-Amour, il est l’Arche d’Alliance où je suis unie au Seigneur dans la Liturgie, dans l’oraison, dans notre vie familiale bénédictine et dans notre service contemplatif des Pauvres ; il est ma forteresse où je reçois la force de perdre chaque jour ma vie « à cause du Christ et de l’Évangile » ; ce Cœur est mon chemin de sainteté, ma joie, ma paix, mon absolue sécurité car je sais qu’il me conduira à la vision éternelle de la Face du Christ , l’Objet de la quête inlassable de toute Servante des Pauvres : à toi qui me lis, mon frère ou ma sœur dans le Christ, ce Cœur de Marie, ce Cœur immaculé, est à toi aussi, car à toi aussi le Christ a donné Marie pour Mère quand il mourait en Croix pour toi ; attache-toi à ce Cœur sans réserve, comme Dieu le veut, et sois alors sûr que tu parviendras là où Dieu te veut !

Mgr Michel Aupetit (promotion 1980)
Évêque auxiliaire de Paris

J’ai reçu ma « créance » de ma mère, comme le disait jadis Jehanne d’Arc. Nanti de cette relation intime avec le Seigneur qu’elle m’a apprise dans la prière et de la certitude, non encore explicite, que l’eucharistie est le cœur de la vie chrétienne, j’ai traversé l’enfance et l’adolescence sans avoir beaucoup l’occasion de parler de Dieu. En effet, dans ma famille ce sujet était rarement évoqué et mes frères, ainsi que mes amis d’enfance, ne semblaient pas curieux des réalités spirituelles ou de leur pratique.
Vers 20 ans, la visite de Témoins de Jéhovah, m’a fait prendre conscience de la pauvreté de mes connaissances religieuses et de l’incapacité de soutenir une controverse théologique devant des gens assurés. Aussi j’ai acheté ma première Bible, décidé à asseoir mes connaissances sur un substrat plus solide. En outre, mes camarades de faculté, posaient des questions auxquelles je ne savais pas vraiment répondre. Je mesurais le redoutable hiatus entre mes études profanes qui me conduisaient vers des connaissances approfondies en médecine et la carence sensible de mon savoir religieux qui s’arrêtait, au mieux, au niveau du CM2. N’ayant ni référent ni mode d’emploi, je lisais la Bible à la manière d’un roman en commençant par le début et poursuivant ma lecture de manière cursive. Je compris rapidement que je faisais fausse route et que la diversité des livres de l’Écriture ne se laissait pas appréhender de manière aussi triviale. Alors, ayant découvert au détour d’une prospection bibliophile, la collection « Encyclopédie catholique du XXè siècle » qui comprenait de nombreux fascicules sur l’intelligence de la foi dans tous les domaines de connaissances : scientifiques, théologiques, historiques, philosophiques, je découvrais, émerveillé, la richesse de l’enseignement de l’Église et sa capacité d’une unité spirituelle qui pouvait satisfaire mon esprit avide d’harmonie.
C’est quelques temps après, jeune médecin fraîchement installé, qu’à la sortie d’une messe dans une église de passage, je découvris le tract du Centre d’études religieuses. Honnêtement, ce qui m’a décidé ce sont les horaires qui convenaient bien à mon emploi du temps. Le programme, tel qu’il était présenté, semblait correspondre à ce que je recherchais. Donc dès la rentrée 1980-1981, je m’inscrivais auprès de Mr Jean Daujat à l’Institut Catholique où les cours avaient lieu alors. En alternance, suivant les jours où je pouvais être présent, c’est Mr Jean Daujat ou Mr Claude Paulot qui donnaient ces cours. D’emblée, j’ai été saisi par la riche nourriture intellectuelle, un peu exigeante au départ, mais qui permettait une véritable intelligence de la foi. J’y ai découvert la philosophie, qui n’était pas cette laborieuse recension des idées que l’on apprend en classe de terminale, mais une utilisation pratique de la raison qui éclaire l’intelligence. En deuxième année, la morale chrétienne sociale et familiale associait harmonieusement savoir et savoir être et m’a permis d’unifier ma vie chrétienne. La théologie de troisième année permet de saisir la grande cohérence de la doctrine de l’Église à partir des mystères et d’articles de foi, à priori difficiles d’accès par la seule raison.
Ce qui m’a beaucoup aidé et qui est particulier au Centre d’Études Religieuses, c’est l’enseignement spirituel qui était systématiquement donné au début de chaque cours. Il m’a permis de fréquenter avec bonheur la messe en semaine à laquelle, à vrai dire, je n’avais jamais songé. En outre, bien que priant depuis longtemps, j’ai commencé à pratiquer l’oraison, avec difficulté au début, mais la persévérance et les lectures spirituelles conseillées m’ont permis d’en apprécier rapidement les fruits.
Plus tard, lorsque j’ai entendu l’appel du Seigneur, après quelques résistances, je me suis rendu compte de l’utilité de ces trois années. Car l’enseignement donné au séminaire est très riche et varié, mais quelquefois manque d’homogénéité. L’avantage du cursus du CER a été de montrer la logique et la cohérence de notre foi dans un enseignement discursif et synthétique. Tout est lié et l’on comprend pourquoi ce qui a été étudié en première année est utile à l’ensemble de l’enseignement.
C’est avec beaucoup de gratitude envers Mr Jean Daujat et Claude Paulot que je donne cet humble témoignage en espérant qu’il permette à d’autres de profiter de ces années de formation si utiles à la vie chrétienne et à la mission de témoigner du bonheur d’être chrétien qui incombe à tous les baptisés.

Patrice PELLEN (promotion 1986)
Prêtre du diocèse d’Evry

Vous me rappelez de bons mais lointains souvenirs ! En effet, j'ai suivi les cours du "CER" (surtout ceux du Samedi après midi avec Claude Paulot), il y a près de 20 ans... Médecin hépato-gastro-entérologue (j'ai pratiqué pendant 20 ans), mon appel persistant à une vocation religieuse attendait de se concrétiser. Dans cette attente, en particulier, j'étais oblat de l'abbaye de Saint Benoît sur Loire. Et, c'est sur les conseils enthousiastes de mon ami Michel Aupetit (alors médecin et actuellement Vicaire Général de Paris ...) que je me suis inscrit au CER. De l'enseignement de feu Mr Jean DAUJAT et de Mr Claude PAULOT, je rends grâce. Sa force essentielle, me semble t-il, fut de faire adhérer ma raison aux vérités révélées par le don de la foi. Une anticipation de l'encyclique: " foi et raison." A l'instar de Saint Augustin: "Je crois pour comprendre, et je comprends pour croire!" Après avoir été postulant pendant un an à l'abbaye de Saint Benoît sur Loire, j'ai été ordonné prêtre pour le diocèse d'Evry, le 24 Juin 2007.
Bien entendu, je profite de l'opportunité que vous m'offrez pour remercier l'équipe du CER, ses enseignants (Claude PAULOT...). Que Dieu vous bénisse dans la poursuite de votre oeuvre pour sa gloire et notre bonheur. En union de prière et d'amitié fraternelle

Une bénédictine, promotion 1987

Née en 1969 dans une famille chrétienne mais de pratique assez conventionnelle, je n’avais pas eu l’occasion de vivre ma foi en dehors de la messe dominicale. Le catéchisme proposé par l’aumônerie de mon lycée parisien ne m’apportait aucun enseignement substantiel et j’avais donc cessé de fréquenter l’aumônerie en classe de quatrième, avant la confirmation, donc.
C’est en classe de Seconde que me vint le désir d’approfondir la foi de mon baptême, entraînée par un de mes frères, lui-même sous la bonne influence d’un ami entré dans une abbaye bénédictine. Aimant beaucoup lire, j’achetais dans le quartier Saint-Sulpice un petit livre de la collection Que sais-je ? : La Foi catholique, du cardinal Paul Poupard, puis un peu plus tard, Amour et Silence, par un chartreux. Ces deux livres m’ouvrirent des perspectives de doctrine et de vie spirituelle toutes simples mais qui me firent passer d’une foi reçue passivement à une foi personnelle et active, ainsi qu’à une authentique vie de prière, dans un contact vivant avec le Christ.
A la fin des grandes vacances, de retour d’un séjour à l’abbaye de son ami (qui le faisait réfléchir sur une éventuelle vocation) mon frère m’offrit les Manuscrits autobiographiques de Sainte Thérèse de l’Enfant-Jésus. Ce livre, ainsi que l’exemple de mon frère, me plaça à mon tour devant la question d’une vocation religieuse. Je ne repoussai pas l’idée, mais mes études secondaires ayant repris, je la laissai de côté jusqu’à la fin de la Terminale. Entre temps, mon frère avait fait un essai dans une Communauté religieuse accordant une large part à la liturgie et au chant grégorien. En lui rendant visite je fus séduite par cette vie consacrée au Christ et à la prière officielle de l’Église. En l’espace d’une soirée de réflexion et de prière paisible, je compris que le Seigneur m’appelait à son service.
De fil en aiguille ma vocation se précisa : je me sentais appelée à une vie contemplative, avec une liturgie développée. On m’indiqua une abbaye susceptible de correspondre à ce que je cherchais. Dès la première visite je fus conquise par son accueil chaleureux et familial, ainsi que par ses offices en latin et chant grégorien. Sans grande hésitation, je m’ouvrais à l’Abbesse et à la Maîtresse des novices sur mon désir d’entrer là le plus vite possible ! Elles me conseillèrent de prendre le temps de la réflexion, de poursuivre mes études et d’approfondir ma formation chrétienne, en particulier de songer au sacrement de Confirmation que je n’avais pas encore reçu. Je pense, sans en avoir de souvenir précis, que ce sont elles qui me parlèrent du C.E.R.
C’est à la rentrée 1987 que je m’inscrivis au cours de première année, dans les locaux de l’institut Catholique de Paris. Les premiers cours de Jean Daujat m’ouvrirent des perspectives merveilleuses et une vue synthétique du dogme chrétien qui comblaient mon intelligence. J’ai suivi avec grand intérêt toute cette première année qui m’a donné les bases philosophiques et théologiques qui me manquaient et qui sous-tendraient toute ma formation à venir.
En juin 1988 je reçus la Confirmation, à la rentrée suivante je partis en Angleterre pour parfaire mon anglais (j’avais commencé une licence d’anglais à la Sorbonne) et acquérir une expérience de travail comme au-pair dans une famille. Il me fut donc impossible de suivre la deuxième année de cours du C.E.R., et à la rentrée 1989 j’entrai dans cette abbaye. Je n’ai donc suivi qu’une année de cours au C.E.R., mais elle m’a beaucoup apporté. Je dois mentionner aussi le mot d’encouragement reçu de Jean Daujat quand je lui annonçais que j’étais rentrée dans les Ordres : il me dit la grande joie que cela lui offrait.
Il me faut préciser que mon parcours, relativement rectiligne, connut, sinon des méandres, du moins de petites épreuves qui ne firent que confirmer ma vocation. En particulier, les quelques mois qui précédèrent mon entrée, la vie facile d’étudiante parisienne me séduisait beaucoup et la perspective de franchir la grille d’un cloître me faisait l’effet d’un saut dans le vide plutôt rebutant ! Ce fut pour moi l’occasion de poser un choix délibéré, personnel, qui montrait que ma réponse au Seigneur était libre et réfléchie, et non simplement conditionnée par des influences extérieures.
En me laissant guider par les circonstances et les personnes, je reconnais avoir été gâtée par l’Esprit-Saint qui a jalonné ma route de grandes grâces, et ce n’est pas fini ! Je n’aurai pas assez de cette vie pour remercier le Seigneur.

Père Frédéric PERUTA (promotion 1987)
m. b. moine à Saint-Wandrille

Je réponds à votre lettre me demandant de témoigner sur ce que les cours du Centre d’Études Religieuses m’ont apporté. Je m’acquitte volontiers de ce devoir de reconnaissance, car les deux années de cours (en effet, j’ai dû cumuler, en 1988-1989, les cours de la deuxième et de la troisième année, devant quitter ensuite la capitale après l’achèvement de ma formation d’ingénieur) avec Jean Daujat m’ont effectivement aidé dans mon cheminement spirituel, qui a lui même abouti à discerner ma vocation de religieux moine bénédictin.
J’ai commencé le CER en 1987 à la suite de la recommandation faite par mon frère cadet Arnaud, qui avait déjà lu les livres de Jean Daujat, mais ne vint à Paris qu’en 1988, et suivit alors les cours. J’étais alors à l’École des Mines de Paris, et plusieurs de mes camarades m’ont accompagné et ont suivi au moins la première année.
J’ai été enthousiasmé par l’enseignement de Jean Daujat, à la fois par la forme et par le contenu. À 80 ans passés, il parlait deux heures d’affilée (et, après la pause, à nouveau deux heures) sans consulter ses notes, se retournant à peine pour indiquer au tableau les quelques mots difficiles qu’il y avait écrits à l’avance. Ce qui m’a marqué le plus, ce fut le ton convaincu, voire enthousiaste, qu’il adoptait, notamment pour marteler des phrases comme : “ nous serions fous de regretter les conséquences du péché originel ” : c’était une affirmation saisissante du Felix culpa ! Quant au contenu, comme scientifiques, mes camarades et moi suivions avec joie ses exposés charpentés et nous sentions entraînés à conformer notre vie à la doctrine spirituelle que nous recevions, mais aussi à tenter de convaincre nos condisciples du caractère “ raisonnable ” de notre foi, au moyen des raisonnements philosophiques et théologiques appris au CER. Personnellement, cela m’a valu des déconvenues, car nous étions encore quelque peu néophytes et je n’apportais pas les nuances voulues. Sans doute aussi n’avais-je pas assez à cœur de prier d’abord pour obtenir la grâce de la conversion de mes interlocuteurs ! Par ailleurs j’avais tendance à vouloir réduire les raisonnements théologiques à des démonstrations de type scientifique, sans tenir compte de toute l’épaisseur humaine des questions que nous touchions. Je n’avais pas non plus l’idée de reprendre après les conférences le cours dans le livre “ Doctrine et vie chrétienne ”, ce qui m’aurait montré l’origine scripturaire et liturgique de l’enseignement dispensé par Jean Daujat. Celui-ci, cependant, nous donnait l’exemple d’un homme de prière ancré dans la célébration de l’eucharistie, que ce soit lors des retraites qu’il organisait, ou bien lorsqu’il nous arrivait de l’apercevoir à la messe des Sœurs de l’Adoration de la rue Gay-Lussac.
Mon éloignement géographique ne m’a pas permis ensuite de garder un contact fréquent avec le Centre. J’ai revu Jean Daujat, ainsi que M. Paulot, lors d’une sortie de fin d’année du CER qui passait par Saint-Wandrille pour la messe dominicale et la visite du cloître. La suite de la journée se déroulait ensuite près de Rouen dans une communauté nouvelle. Je n’ai pas gardé mémoire de la date : peut-être était-ce en 1994 ? (ndlr : c’était en 1993)
Voici le modeste témoignage que je puis donner. Je garde, comme vous le voyez, un très bon souvenir de cet enseignement, qui a évidemment favorisé mon évolution vers une vocation religieuse dans laquelle l’élément contemplatif, qui caractérise aussi l’approche du CER, est premier.

Christian FOURNIER (promotion 1991)
frère carme

Je me nomme Christian FOURNIER, je viens d’avoir 50 ans au mois de juillet.
Je suis originaire du Sud-Ouest où j’ai passé toute mon enfance et adolescence. J’y ai reçu une formation chrétienne traditionnelle, à savoir qu’après avoir été baptisé à Bordeaux à 3 mois, j’ai fait ma première communion à 6 ans, puis ma confirmation à 10 ans, enfin ma profession de foi à 12 ans. J’ai par ailleurs suivi des cours d’instruction religieuse au collège que je fréquentais jusqu’à l’âge de 15 ans.
Toutefois à 16 ans je me suis progressivement éloigné de l’Église, considérant qu’il s’agissait plus d’une tradition familiale, que d’une authentique démarche de foi personnelle. Néanmoins je n’ai jamais cessé de prier quotidiennement la Vierge Marie.
Après avoir terminé mes études secondaires, je suis venu m’établir à Paris, où j’avais comme projet professionnel de me spécialiser dans la distribution phonographique de produits d’importations. Ceci m’amenait régulièrement à Londres qui était alors « la capitale européenne » de l’édition/distribution des 33 tours. Durant un séjour, me rendant à la National Gallery, j’ai reçu devant le tableau de « la Vierge en prière » de SASSOFERATO, cette locution intérieure : « Je suis vivante ».
Cela s’est produit en 1984. Je dois dire que sur le moment je n’ai pas vraiment réalisé ce qui venait de se passer, et il m’a fallu attendre l’été 86 pour retourner le dimanche à la messe. J’ai dès le début été fidèle à ce rendez-vous hebdomadaire, sans pour autant m’approcher de l’Eucharistie.
Cinq ans plus tard, en octobre 91, j’ai commencé à me rendre chaque mardi soir à la Chapelle de la Médaille Miraculeuse. C’est là que j’ai découvert un tract concernant le « Centre d’Études religieuses ».
Cela a été déterminant. En effet l’année précédente j’avais ressenti un manque à ne pouvoir communier. J’avais donc entrepris d’aller me confesser, mais il était ressorti de l’échange avec le Père qui me recevait que j’avais besoin de clarifier ma démarche. En effet si la Parole me nourrissait alors, pour autant j’éprouvais une incapacité à clairement exprimer ce que je vivais car il me manquait des bases solides. La découverte du Centre répondit exactement à ce que j’attendais sans pour autant savoir le formuler. Immédiatement j’ai été séduit par la formule des cours, surtout les entretiens spirituels qui débutaient chaque intervention de Jean DAUJAT ou Claude PAULOT. Cela a été une première nourriture solide. J’en veux pour preuve que dans le mois qui suivit le début des cours, je retrouvais une pratique du sacrement de réconciliation qui dès lors n’a fait que croître.
En relisant mon parcours, je me rends compte également de l’importance qu’aura eu pour moi l’après-midi passé avec Jean DAUJAT et Bernard BRO à l’occasion de la parution de son livre sur Thérèse de Lisieux que je connaissais mal alors.
Par ailleurs les différents besoins au secrétariat du Centre ont été pour moi l’occasion d’un premier apostolat. Je tiens à le mentionner car cela m’a permis de prendre conscience que l’on ne pouvait avoir à l’égard du Seigneur une attitude passive de consommateur. Pour modeste qu’il soit, il faut un engagement personnel.
Durant ce temps, je m’impliquais de plus en plus dans ma paroisse St Ferdinand des Ternes. J’avais également divers engagements à la rue du Bac, où par exemple j’ai passé toute la semaine durant les JMJ de 97.
Les JMJ achevées, toute mon attention se portait dès lors vers la préparation du Grand Jubilé. Un séjour à Lisieux (que je ne connaissais pas) en août 2000, a sans que j’en aie conscience au début tout déclenché. Ayant été profondément touché par cette première visite, je profitais de ma journée de RTT mensuelle pour effectuer un aller-retour, et le 19 mars 2001, pour la St Joseph, alors que je me confessais au Carmel, le Père m’a demandé si je n’avais jamais pensé à un engagement, car à travers ce que je lui disais il entendait un appel. Lui ayant répondu par la négative, il m’enjoignit de poser des actes concrets afin de mener un authentique discernement ....et de placer cela sous le patronage de St Joseph.
C’est ainsi que j’ai commencé à l’automne 2003 durant presque un an, un cheminement en tant que regardant au couvent des Carmes d’Avon, suivi d’une année de postulat, puis de noviciat, avant de faire ma profession simple le 8 septembre 06, durant laquelle je suis devenu frère François-Christian de l’Eucharistie

Un prêtre du diocèse de Versailles (promotion 1991)

J’ai suivi les cours du soir au Centre d’Études Religieuses au cours de l’année 91-92 pendant laquelle j’accomplissais mon service militaire en région parisienne. J’étais séminariste. Je n’avais suivi que le 1er cycle du séminaire, c’est-à-dire la philo. Les cours de théologie (3° année de cours du C.E.R.) venaient donc relever le niveau des conversations entendues à la caserne et entretenir en moi le goût de l’étude. Je garde un très bon souvenir de cette année de cours que donnait encore en grande partie Jean Daujat lui-même. Ils m’ont donné un avant-goût de la théologie que j’allais ensuite étudier pendant 4 ans au séminaire et approfondir plus tard en faculté. Aujourd’hui prêtre diocésain, le recul des années m’aide à mieux percevoir tout le bénéfice de la formation reçue au C.E.R. Il me semble que son mérite premier consiste à ne pas se contenter de donner des connaissances, comme le font toutes les facultés de théologie, mais de s’attacher aussi et surtout à former le jugement. Montaigne ne disait-il pas que « tête bien faite vaut mieux que tête bien pleine ». Je retiens en effet de l’enseignement reçu la rigueur du raisonnement, la solidité métaphysique et l’humilité de l’intelligence dans sa recherche de la vérité. Les cours du C.E.R. ont nourri ma foi parce qu’ils m’en apportaient une meilleure compréhension. Les connaissances nous étaient toujours livrées dans un tout cohérent, ordonné et bien structuré. « Le propre du sage n’est-il pas d’ordonner ? » J’y ai vécu de vraies joies intellectuelles et spirituelles. En sortant de chaque cours qui me tenait en haleine pendant deux heures, je pouvais dire : « C’était lumineux ! Que notre religion est belle ! Combien nous gagnons à l’approfondir !

Elève de la promotion 2009

J’ai connu le CER par un tract que j’avais pris à l’église Saint-Ferdinand des Ternes.
Bien qu’ayant suivi des cours de catéchisme pendant toute ma scolarité, je me suis aperçu, l’âge venant et certes un peu tard, que je n’avais aucune connaissance solide de la doctrine catholique...
J’ai été extrêmement intéressé et à vrai dire émerveillé par la qualité, la profondeur et la précision de l’enseignement qui m’a permis de mieux connaître les fondements de la foi chrétienne et l’implication qu’elle devrait avoir dans notre vie.
Cela me permet aujourd’hui de considérer les choses d’un œil nouveau et aussi, et ce n’est pas le moindre des bienfaits que j’en retire, de disposer de bases solides pour défendre le point de vue d’un chrétien...

Jean-Yves, marié, père de trois enfants

J'ai connu le CER en 1974 grâce à une affiche posée à l'Institut Catholique. Travaillant alors depuis quatre ans, j’éprouvais le besoin d’approfondir mes connaissances religieuses, historiques et philosophiques que j'avais acquises à l’école Bossuet, aux lycées Montaigne et Louis-le-Grand. Exerçant les professions de journaliste et d’écrivain biographe, l’enseignement de Jean Daujat m’apporte beaucoup dans les domaines du raisonnement, de l’argumentation et aussi de l’écoute. Son œuvre, que je consulte régulièrement, est pour moi une référence incontournable.     

Marie-Pierre, promotion 2006

Après une grâce de conversion à la Toussaint 2004 à la basilique Notre Dame des Victoires, la soif de connaître et d’aimer Dieu, mais aussi l’intercession de la petite Thérèse de l’Enfant Jésus, m’ont amenée aux cours du CER en 2006 et j’ai été très heureuse de suivre les trois années jusqu’en 2009 avec Claude Paulot, homme de prière à la fois érudit et humble.
Je peux dire qu’après avoir déserté l’Eglise depuis plus de 30 ans et après avoir été contaminée, comme tant d’autres hélas, par un environnement déchristianisé dans une Franc foncièrement anticléricale, j’ai pu me libérer de tous les a priori et les mythes sur le christianisme et l’église catholique. Victime des années post-soixante-huitardes, la deuxième année qui traite de morale, de vertus, d’autorité, de famille, de mariage et d’éducation suivant la doctrine sociale de l’Eglise m’a remis « les pendules à l’heure » et j’ai compris ce qu’est la vraie liberté des enfants de Dieu.
Les cours commencent par un moment de silence et de prière et « l’entretien spirituel » et mettent en exergue la dimension de l’oraison dans la vie du chrétien qui doit devenir une prière et une offrande continuelle (à la manière des moines « ora et labora »), et cela même si la foi devient aride sans plus aucune grâce sensible dont on est souvent favorisé à ses débuts.
Ce furent pour moi trois années bénéfiques et denses, intellectuellement, spirituellement, mais aussi émotionnellement, car de mon catéchisme d’enfance, il ne me restait plus rien et sortir d’un aveuglement ou d’une ignorance pour aller vers plus de lumière et d’amour, quoi de plus beau et de plus libératoire ?
Eternelle reconnaissance à cette œuvre de Jean Daujat inspirée par Saint Thérèse et à Claude Paulot.